Venise submergée lors de tempêtes, un scénario crédible pour 2150

Venise, ville mythique suspendue entre ciel et mer, pourrait bien se noyer pour de bon. Le 28 mars 2025, l’Institut national italien de géophysique et de volcanologie (INGV) a publié une modélisation sans précédent. Lors d’une tempête, le niveau de la mer pourrait grimper jusqu’à 3,47 mètres au-dessus du niveau de référence actuel. Une montée qui inonderait 65 % de la lagune, engloutissant littéralement une cité de 300 000 habitants et de trente millions de touristes annuels.

Par Stéphanie Haerts Modifié le 31 mars 2025 à 18 h 12
Venise submergée lors de tempête, un scénario crédible pour 2150

Venise et la triple peine : montée des eaux, tempêtes et affaissement

Les chercheurs de l’INGV, Tommaso Alberti et Daniele Trippanera, n’ont pas ménagé leurs mots : « Le territoire potentiellement submergé d’ici 2150 atteindrait 139 km², avec une extension qui pourrait atteindre 226 km² en cas de hautes eaux exceptionnelles », ont-ils déclaré dans leur étude publiée dans Remote Sensing et dans des propos partagés par Reporterre. Ces chiffres vertigineux s’expliquent par la convergence de trois facteurs destructeurs. D'abord, la montée du niveau de la mer, évaluée entre 70 cm et 120 cm d’ici la fin du siècle selon les efforts (ou leur absence) de réduction des émissions mondiales.

Ensuite, une augmentation de la fréquence et de la violence des tempêtes, des évènements météorologiques désormais imprévisibles, mais toujours plus intenses. Enfin, Venise s’enfonce inexorablement de 5 mm par an, conséquence de processus géologiques naturels amplifiés par l’extraction excessive des nappes phréatiques jusque dans les années 1970.

MoSE, barrage contre le futur… ou solution déjà dépassée ?

Ironie amère, Venise dispose déjà d’un système de protection contre les marées hautes : le MoSE, acronyme de Modulo Sperimentale Elettromeccanico. Des digues mobiles, coûteuses et techniquement sophistiquées, censées protéger la lagune contre des pics marins allant jusqu’à 3 mètres. Mais les prévisions du siècle à venir les condamnent.

Le système serait rendu obsolète dès 2100, avertissent les auteurs de l’étude. Un investissement pharaonique, devenu dérisoire en moins d’un siècle face à l’accélération des éléments. Et après ? Rien. Aucun plan B, aucune alternative crédible n’a encore été formulée par les autorités italiennes.

Le patrimoine mondial au bord du naufrage

Venise n’est pas qu’un décor de carte postale. C’est un sanctuaire vivant, abritant palais, églises, musées, savoir-faire et traditions. C’est aussi une économie fragile qui repose sur le tourisme, la navigation et l'artisanat. Tout cela pourrait disparaître sous les eaux, lentement, silencieusement.

Les chercheurs de l’INGV alertent sans détour : « En l’absence de mesures concrètes pour réduire les émissions et atténuer les effets du réchauffement climatique, le patrimoine historique, culturel et économique de Venise est menacé. » Un avertissement limpide, comme l’eau qui pourrait submerger la Place Saint-Marc d’ici quelques décennies.

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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