Valoriser les déchets, c’est l’affaire de tous

«Tous ensemble, tous ensemble…» Le slogan de Ségolène Royal a toutes ses chances d’être tôt au tard recyclé par les adeptes de l’économie circulaire. Concept qui prône de rassembler des activités industrielles, dont les déchets des uns peuvent-être réutilisés par les autres. Et fabriquer des produits avec l’idée qu’ils seront recyclés à l’infini.

Par GVadmin Modifié le 31 juillet 2012 à 16 h 16

«Tous ensemble, tous ensemble…» Le célèbre slogan de Ségolène Royal a toutes ses chances d’être tôt au tard recyclé par les adeptes de l’économie circulaire. Concept qui prône de rassembler des activités industrielles, dont les déchets des uns peuvent-être réutilisés par les autres. Et fabriquer des produits avec l’idée qu’ils seront recyclés à l’infini.

Un concept né en Europe développé en Chine

Cradle to Cradle (du berceau au berceau), biomimétisme, économie bleue ou écologie industrielle, choisissez le concept que vous voulez. Ils s’apparentent tous à l’économie circulaire, et revendiquent la même chose : les déchets n’existent pas!

En clair, imaginez une ville où chaque entreprise utilise à bon escient les déchets de ses consœurs, et génère des profits tout en protégeant l’environnement. Le fantasme est tout bonnement devenu réalité au Danemark dans les années 70, lorsqu’une poignée d’entreprises et la collectivité de Kalundborg ont spontanément décidé d’être reliées les unes aux autres par des pipelines afin d’optimiser l'utilisation de l'eau, économiser de l'énergie et réutiliser les déchets. Et ca marche! L’eau usagée de la raffinerie de pétrole Statoil n’est plus rejetée dans la rivière mais évacuée vers la centrale électrique Asnaevaerket, qui l’emploie comme eau de refroidissement. La centrale électrique fournit quant à elle de la vapeur aux autres entreprises membres de cette «symbiose industrielle», ainsi qu’aux 20 000 habitants de Kalundborg qui l’utilisent pour se chauffer. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que la boucle des échanges entre les entreprises soit bouclée.

Schéma des flux d'échanges au sein du parc industriel de Kalundborg © systemes-durables.com

Toujours à l’affut de solutions innovantes, maître dans l’art du «copier-coller», la Chine reprend en 2002 ce concept né en Europe, dans le cadre d’une stratégie nationale. Les auteurs d’un dossier sur l’Économie circulaire en Chine publié en novembre 2006 dans la revue Futuribles, rappellent à juste titre que « La Chine ne peut ni arrêter sa croissance économique, ni poursuivre la voie empruntée par les pays développés, à savoir polluer d’abord et traiter ensuite.» Et pour cause : une étude publiée en mars 2010 par la revue The Lancet indique que la pollution de l'air dans le pays provoque 1,3 million de morts prématurées par an, dues aux maladies respiratoires. L’application du principe des 3R (réduire l’usage, recycler, réutiliser) au sein d’écoparcs industriels, conçus pour favoriser la synergie et la circularité entre les huit entreprises, reflète ainsi l’ambition de l’empire du Milieu à développer son économie tout en préservant ses ressources et son environnement.

La confiance, la clé du succès

Le volontarisme made in China en termes d’économie circulaire est louable, nul ne dira le contraire. Les gouvernants ont d’ailleurs un rôle à jouer pour mettre en place un schéma de création de richesse en boucle et non linéaire. Mais comme le souligne Jorgen Christensen, consultant pour l'Institut de la symbiose de Kalundborg dans une interview accordée à Ecoparc, la clé du succès de la symbiose industrielle de sa communauté est la confiance. «Les gens doivent se connaître. Ces échanges ne peuvent être organisés ou forcés par une organisation nationale.» Pour ainsi dire, l’avenir nous dira si en Chine comme ailleurs, les projets d’écologie industrielle peuvent durablement se déployer à grande échelle ou rester cantonnés à une marginalité.

Pour l’heure, l’économie circulaire continue de faire des émules. La navigatrice britannique Ellen MacArthur, recordman en 2005 du tour du monde à la voile en solitaire crée en septembre 2010, une fondation à son nom, « afin de faire comprendre aux entreprises qu’on peut utiliser sans épuiser les ressources naturelles, et former une génération entière à penser différemment.» Et des réseaux comme l’international Synergies attestent que la recherche en matière de symbiose industrielle est en cours.

A chacun  d’imaginer une société sans déchets

Mart et Rob Drake-Knight, fondateurs de Rapuini © World Forum Lille

La mayonnaise semble aussi prendre auprès des jeunes. De passage au World Forum de Lille qui vient de s'achever, Mart et Rob Drake-Knight racontent comment, alors qu’ils étudiaient encore à l’université, ils ont fondé en 2008 la société de design Rapanui avec leurs 200£ d’économie. L’objectif : «faire oublier les chaussettes écologiques qui grattent en démontrant que les vêtements organiques peuvent-être cool tout en étant fabriqués dans une approche holistique de la durabilité environnementale.» A première vue, cela donne une large gamme de vêtements bios. En coulisses, les matériaux sont innovants, les tissus biodégradables, les usines fonctionnent à l’énergie éolienne et la traçabilité des produits est éthique. Sans compter que 100% des sous-traitants sont audités et certifiés par la Fairwear foundation, et que Rapanui collabore avec les usines pour mettre en place des crèches, un jardin bio pour les employés, et des horaires aménagés pour les ouvrières ayant des enfants.…Comme quoi, l’économie circulaire ne doit pas être  la seule responsabilité des politiques et des industriels. Nous sommes tous à même de changer nos modes de pensée, ainsi que nos modes de vie et  de consommation.

Sonia Eyaan

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