Dans une démarche inédite pour lutter contre le réchauffement climatique, le Danemark a décidé de taxer les émissions de méthane de ses vaches. Cette mesure, aussi insolite qu'ambitieuse, vise à réduire drastiquement les gaz à effet de serre issus de l'agriculture, principal secteur émetteur du pays.
Une taxe pour un futur plus vert ?
À partir de 2030, les éleveurs danois devront s’acquitter d’une taxe sur les émissions de méthane de leur bétail. Le ministre des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, qualifie cette décision de « première mondiale ». En effet, chaque vache produit environ 6 tonnes de CO2 par an, et cette taxe de 16 euros par tonne de CO2 en 2030, augmentant à 40 euros en 2035, représente un coût annuel de 100 euros par vache. Ce projet, fruit de cinq mois de négociations, marque un tournant historique pour le Danemark et son objectif de réduction de 70 % des émissions de CO2 d'ici à 2030.
Le secteur agricole est responsable de 32 % des émissions mondiales de méthane, un gaz 80 fois plus puissant que le CO2 sur 20 ans. Au Danemark, ce secteur est le principal émetteur de gaz à effet de serre, avec 1,43 million de bovins. La nouvelle taxe sera de 672 couronnes danoises par vache dès 2030, après déduction fiscale, les agriculteurs ne payeront finalement que 120 couronnes. Cette taxe passera à 300 couronnes par tonne de CO2 en 2035, soit 1 680 couronnes par tête.
Taxer les pets de vaches : une première mondiale
Cette taxe devrait rapporter des fonds pour soutenir la transition verte du Danemark. Les revenus générés seront investis dans des énergies propres, visant à éliminer les énergies fossiles. « La réforme fiscale est donc la contribution la plus importante aux objectifs climatiques du Danemark pour 2030 », a déclaré le ministre de la Fiscalité, Jeppe Bruus. Cette initiative vise non seulement à réduire les émissions, mais aussi à encourager des pratiques agricoles plus durables.
Si certains applaudissent cette mesure, la transition verte ne sera pas sans défis pour les éleveurs. Le précédent néo-zélandais, où un projet similaire a été abandonné face à la colère des agriculteurs, souligne les difficultés potentielles. Cependant, la Société danoise pour la conservation de la nature a salué cet « accord historique », estimant qu'il pourrait écrire un nouveau chapitre de l’histoire agricole danoise. En visant la carboneutralité d'ici à 2045, le Danemark se positionne en pionnier de la lutte contre le changement climatique.