Suite à la dénonciation par des voisins en colère, un journaliste s’est rendu dans une usine de produits chimiques du Xinjiang. Il a pris des photos et raconté ce qu’il a vu : …
Une sombre affaire d’esclavage d'handicapés mentaux
Suite à la dénonciation par des voisins en colère, un journaliste s’est rendu dans une usine de produits chimiques du Xinjiang. Il a pris des photos et raconté ce qu’il a vu : des handicapés mentaux réduits à l’esclavage. Suite à la parution de son article, le patron de l’usine a pris la fuite avec ses 'employés'. Il a été arrêté le lendemain. Nous vous proposons le résumé de l’article à l’origine de l’affaire.
Nous nous sommes rendus dans l’usine Jiaersi localisée sur le district de Tourfan. Déclarant avoir eu vent de problèmes de protection de l’environnement, nous avons pu entrer dans les installations. Des ouvriers y respirent la poussière sans masque. Les dortoirs : 2 à 3 lits par chambre de 10 mètres carrés, une fine couverture en guise de matelas, et un drap troué en guise de couverture (il neige en ce moment dans le Xinjiang…) A 14 heures, les ouvriers sont appelés au déjeuner. Ils ne réagissent pas. C’est que d’habitude, il n’y a pas de repas à midi. Mais aujourd’hui il y a les journalistes, alors les choses changent.
C’est bien aujourd’hui, il y a de l’huile dans les nouilles.
On se demande ce qu’ils mangent d’habitude. La grande bassine de nouilles est entourée par les chiens, qui lapent quelques gorgées de sauce de temps en temps.
Nous avons pu rencontrer le patron de l’usine, Li Xinglin. Quand on lui demande d’où viennent ses ouvriers, il ne se cache de rien.
J’ai signé un contrat avec Zeng Lingquan, qui a ouvert un hospice pour handicapés mentaux dans le Sichuan. Il fournit des travailleurs dans tout le pays.
Monsieur Li nous a même montré le contrat. Pour la fourniture de 5 'travailleurs', Li a payé 9 000 yuans (1 015 euros). Le 'salaire' de ces travailleurs se monte à 300 yuans par mois (34 euros). Payés bien sûr à Monsieur Zeng, si bien que les pauvres handicapés ne touchent pas de salaire… Comme le salaire va chez Zeng, Li doit l’indemniser à hauteur de 1 000 yuans (113 euros) s’il 'perd' un travailleur. Alors il fait attention. L’un des employés les moins malades nous a confié :
J’ai essayé de m’échapper à deux reprises. J’ai été rattrapé et battu les deux fois. Ca m’a coupé l’envie. Impossible d’en sortir.
Monsieur Li lui, semble trouver sa façon de travailler très naturelle.
J’ai reçu 30 ouvriers. Il y en a qui ne sont pas en état de travailler. Je les renvoie tout de suite. Les autres, ils peuvent travailler, mais c’est moi qui les forme.
La dizaine de photos publiées avec l’article a secoué les autorités locales. Le lendemain, elles fermaient l’usine. Mais trop tard pour arrêter Monsieur Li. Il est déjà parti avec ses chers (sic) 'ouvriers'. Cependant, le 15 décembre, la police les a retrouvés ainsi que Monsieur Zeng, le responsable de cet hospice un peu particulier. Il aurait ainsi vendu à travers toute la Chine… plus de 70 handicapés.