Depuis 2 ans, certains villages du Sénégal ont vu le nombre de déchets qui trainaient le long des routes, qui salissaient les paysages naturels ou qui aboutissaient à la décharge réduire considérablement. À Keur Moussa, il n’y a même plus besoin de décharge du tout.
Une solution innovante pour gérer les déchets au Sénégal
Un premier pas vers l’assainissement du paysage urbain et rural du Sénégal
Depuis 2 ans, certains villages du Sénégal ont vu le nombre de déchets qui trainaient le long des routes, qui salissaient les paysages naturels ou qui aboutissaient à la décharge réduire considérablement. À Keur Moussa, il n’y a même plus besoin de décharge du tout. C’est dans ce village à une cinquantaine de kilomètres au Nord de Dakar que vit Laurent Libre, d’origine française, 6 mois par an. Pendant ce temps, il travaille avec les habitants de différents villages de la région dans le but de les sensibiliser à la pollution causée par les ordures, puis pour les aider à mettre en place un système de ramassage de déchets afin de les récupérer pour en faire des bâtiments et du mobilier. Dans un pays où le recyclage n’existe pas et où l’on jette ses ordures par terre aussi naturellement qu’on les mettrait à la poubelle, cette réutilisation des déchets est un premier pas vers l’assainissement du paysage urbain et rural du Sénégal.
Inspiré par la biotecture
Durant plusieurs années, Laurent a travaillé dans le bâtiment pour Les compagnons du devoir. S’investir pour cet organisme de formation aux métiers dits traditionnels lui a permis de voyager et d’y prendre goût, de construire sur divers types terrains et d’apprendre à adapter ses projets selon les contraintes et les besoins locaux. C’est ainsi qu’un jour Laurent a atterri au Sénégal où il a été particulièrement choqué par la quantité de déchets qui jonchaient les rues. Inspiré par le travail de l’architecte américain Michael Reynolds, pionnier de la biotecture, la construction durable à partir de pneus et de recyclage, Laurent décide d’adapter ce concept dans le but de réduire la pollution des déchets au Sénégal.
La valeur des déchets
À l’inverse des ONG qui œuvrent déjà dans ce sens, le système mis en place par Laurent Libre permet aux habitants de construire et de créer à partir d’ordures, de pneus et de ciment sans avoir à passer par des étapes de transformation. Mis à part les déchets organiques qui sont eux compostés, tout le reste est récupéré et réutilisé tel quel. Au fur et à mesure que les rues se vident de leur ordures, les habitants commencent à reconnaître l’importance d’un environnement propre. De plus, comme l’explique Laurent, “lorsqu’on achète une canette, on paie le prix de la boisson, ainsi que celui de l’emballage… sauf que l’emballage, on le jette”. Ainsi, les participants prennent également conscience de la valeur et de l’utilité des objets dont ils se débarrassaient nonchalamment jusque-là.
Des déchets qui disparaissent, un savoir-faire qui perdure
Outre l’impact environnemental de ce ramassage de déchet, grâce au savoir-faire qu’il apporte au sein de différentes communautés, Laurent permet à certains individus, jeunes et moins jeunes d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour fabriquer des chaises, des tables, des bureaux ou des lits de manière autonome. Contrairement à d’autres projets humanitaires où, une fois l’ONG partie tout s’écroule, les projets implantés grâce à l’aide de Laurent se poursuivent sans difficulté en son absence. Le secret ? Des ateliers pédagogiques efficaces, la simplicité et la rapidité du processus de ramassage des déchets et de fabrication, des résultats esthétiques, solides et durables, ainsi que le coût très bas des matières premières qui sont essentiellement gratuites. De plus, étant donné que le mobilier fabriqué correspond aux besoins déterminés par les habitants locaux, il y a une réelle demande ainsi qu’une réelle reconnaissance des villageois, fiers de pouvoir compter sur les membres de leur communauté pour améliorer leur environnement et leur confort.
Un succès grandissant
En 2 ans, le projet de Laurent s’est si bien développé que l’ambassade de France, les Ministères au Sénégal et plusieurs ONG ont fait appel à son savoir-faire, dans l’espoir de pouvoir transposer son projet au niveau national au Sénégal et ailleurs en Afrique. Le prochain projet de construction sera d’ailleurs celui du pavillon de l’hôpital des prisons à Dakar, en collaboration avec l’ambassade de France. Pour Laurent, qui rêve de pouvoir s’investir à plein temps dans ce projet social et environnemental pour le développer ailleurs en Afrique, les choses semblent bien partie ! Fort de ce succès, Laurent se sent particulièrement heureux de faire “quelque chose qui a du sens et qui marche”. Comme il le dit, “mettre les mains dans les déchets, c’est pas toujours drôle”, mais “le bon sens finit toujours par l’emporter, alors il faut s’accrocher”.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site 3000ECOMEN et leur page Facebook.
Natasha Tourabi