Un député a proposé la création d’une nouvelle loterie pour financer la protection de l’environnement. Une mesure qui paraît bonne à première vue, pourtant critiquée par la plupart des commentateurs.
Une loterie environnementale?
Lors de la réunion plénière de l’assemblée populaire nationale, un député a proposé la création d’une nouvelle loterie pour financer la protection de l’environnement. Une mesure qui paraît bonne à première vue, pourtant critiquée par la plupart des commentateurs.
Il y en a qui ont le don de faire parler d’eux. Chaque année, à la période des ‘deux assemblées’, le député Chen Fei ne manque pas de se faire remarquer des médias nationaux. Cette année, il a fait très fort. Car si ses distributions de paniers réutilisables pour les courses effectuées ces dernières années avaient fait couler de l’encre, sa proposition de 2012 a beaucoup plus de portée.
Son idée: créer une loterie pour financer tout ce qui touche à la protection de l’environnement. Pour Chen Fei:
Cette mesure permettrait non seulement de résoudre le manque de moyens pour la protection de l’environnement, mais aussi de sensibiliser la population aux graves enjeux de ce problème.
Des réactions hostiles
Les observateurs s’accordent à reconnaître le manque de financements disponibles pour investir dans la prévention, le contrôle et la réduction de la pollution. Mais les réactions à la proposition du député Chen n’ont pas été très positives. Feng Yongfeng, président d’une ONG environnementale basée à Pékin, s’est immédiatement opposé à cette mesure:
La Chine doit impérativement réduire la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Ce n’est pas des fonds qu’il nous faut pour cela, mais un cadre législatif adéquat. Une loi qui permette de punir sévèrement les pollueurs, sans qu’ils puissent passer à travers les mailles du filet.
D’autres réactions indignées viennent de contribuables en colère:
L’investissement pour la protection de l’environnement, c’est une responsabilité du gouvernement. Pourquoi paye-t-on nos impôts? Si le gouvernement se soustrait à ses responsabilités en créant des loteries, aura-t-on bientôt un loto police, un loto école et un loto justice?
Une troisième loterie autorisée?
Dans un pays où les jeux de hasard sont interdits en principe (ce qui fait le bonheur de Macau et de ses casinos), la mesure n’est pas forcément la bienvenue. «Cela va encourager les gens à parier et à vivre de façon malsaine et irresponsable», s’insurge un passant interrogé à Pékin.
Pour l’instant, la Chine compte deux sortes de loteries nationales, dont les bénéfices sont affectés aux œuvres d’aide sociale et aux projets d’infrastructures sportives. La première a rapporté 206 milliards de yuans (environ 24,7 milliards d’euros) depuis sa création en 1987, la seconde 142 milliards de yuans (plus de 17 milliards d’euros) depuis 1994.
Quoiqu’en disent les opposants, des ressources de cette magnitude pourraient bien servir pour nettoyer les rivières polluées, équiper les brigades de contrôle de l’environnement, etc… Mais il reste improbable que la Chine, fortement opposée dans ses principes à la multiplication des jeux de hasard, rejoigne la Grande Bretagne et devienne la seconde nation au monde à avoir sa loterie verte.