En préservant 20 mâles et 20 femelles des espèces de grenouilles les plus menacées, les chercheurs espèrent enrayer la disparition des amphibiens endémiques du Panama. Victimes d’un champignon tueur, deux espèces se sont déjà éteintes à jamais.
Une « arche de Noé » pour sauver les amphibiens
En préservant 20 mâles et 20 femelles des espèces de grenouilles les plus menacées, les chercheurs espèrent enrayer la disparition des amphibiens endémiques du Panama. Victimes d’un champignon tueur, deux espèces se sont déjà éteintes à jamais.
Un véritable plan d'urgence
Avec au moins 200 espèces d’amphibiens recensées, dont l’emblématique grenouille dorée, le Panama abrite une biodiversité d’une incroyable richesse. Un patrimoine écologique malheureusement menacé, puisque 50 espèces endémiques sont aujourd’hui en voie d’extinction.
Une vingtaine d’entre elles bénéficieront néanmoins d’un traitement de faveur, dans le cadre d’un programme de type « arche de Noé ». Celui-ci dispose d’une population en captivité suffisante pour assurer une éventuelle réintroduction.
Lancé en 2009, le Projet de sauvetage et de préservation des amphibiens du Panama est une initiative de l’Institut de recherche tropicale du Smithsonian. Il bénéficie également du soutien de diverses organisations écologistes.
Le projet consiste à capturer et à faire vivre en captivité une quarantaine d’amphibiens de chacune des vingt espèces endémiques les plus menacées.
Comme l’explique Roberto Ibañez, directeur du projet, il s’agit véritablement d’un plan d’urgence:
« Nous n'avons pas de solution définitive, mais c'est un premier pas. Si nous ne disposons pas du matériel biologique, nous ne pourrons plus rien faire ensuite. Nous devons tout d’abord nous assurer que nous avons suffisamment d’individus, ensuite nous verrons comment faire pour la réintroduction. »
Grenouille dorée, symbole national
La principale menace pèsant sur les amphibiens vient d’un organisme microscopique, le batrachochytrium dendrobatidis. Ce champignon invasif est un parasite s’attaquant à la peau des grenouilles, et finissant par bloquer les fonctions respiratoires et provoquer leur mort.
Détecté au Costa Rica en 1987, le champignon a depuis progressé de 30 kilomètres par an jusqu’à attendre le Panama. Il se dirige actuellement vers la frontière colombienne.
Après avoir conduit à l’extinction les espèces Atelopus chiriquesis et oophaga speciosa, il s’en prend aujourd’hui à la grenouille dorée, véritable symbole national.
Pendant des siècles, ce petit batracien de couleur jaune vif a servi de modèle aux sculpteurs et orfèvres pré-hispaniques de la région. Les panaméens lui sont toujours très attachés.
Edgardo Griffith, responsable de la protection de la grenouille dorée dans la zone d’El Valle, estime que le programme « d’arche de Noé » ne sera pas suffisant pour sauver les amphibiens.
Pour le spécialiste, le principal défi consiste aujourd’hui à préserver un habitat sain, où les espèces menacées pourront être réintroduites si leur reproduction en captivité est un succès.