Un Vert au second tour, l’écologie au deuxième plan

Arrivé deuxième avec 18,8 % des voix, Pekka Haavisto, candidat de la Ligue Verte, a finalement été battu au second tour de l’élection présidentielle finlandaise. Pourtant l’écologie fut une grande oubliée de la campagne.

Par GVadmin Modifié le 16 juillet 2012 à 17 h 42

Un ancrage culturel et non un enjeu politique occasionnel

L’enjeu écologique ne faisait donc pas partie des enjeux de cette élection. Pourquoi? Peut être parce qu’en Finlande, un tel sujet n’a pas besoin d’une élection pour exister.

L'écologie n'engendre pas de grands clivages ou, alors, émerge périodiquement dans les débats. Le parti vert finlandais, la Ligue Verte, a obtenu en 2011 7,2% des voix et 10 sièges à la Diète nationale. C’est donc un parti relativement influent, mais il ne détient pas le «monopole de l’écologie», le sujet dépassant largement les clivages.

Cet ancrage écologique dépasse la sphère politique, l’écologie est une notion bien installée dans la culture finlandaise. Les Finlandais sont très sensibles aux économies d’énergie et d’eau, à la réduction des déchets et adoptent aisément des comportements que l’on qualifierait en France d’«éco-responsables».

Un secteur économique tourné vers l'environnement

UPM prévoit d'investir 150 millions d'euros dans des démarches environnementales. ©Karva Javi (Flickr)

L'économie de marché n'est pas considérée comme véritablement néfaste pour l'environnement. Le secteur privé est partie prenante de la politique durable, la législation l’invitant à investir largement dans le développement durable. Sa contribution aux politiques publiques environnementales se chiffre en centaines de millions d’euros. Les dispositifs y sont volontaristes, basés sur des partenariats multipartites et les initiatives des entreprises. Par exemple, la société UPM, industriel papetier producteur de biocarburant, à dévoilé le 1er février ses plans d'investissement d'un montant de 150 millions d'euros.

Si les préoccupations écologistes semblent aller bon train de part et d'autres de l'Union, la Finlande n'a pas attendu Strasbourg et Bruxelles pour engager des politiques vertes. En 2009, suite à la publication de rapports sur l’évolution du climat, la Finlande a décidé d'un plan ambitieux de réduction de 80% de ses émissions de CO2. De nombreuses initiatives et quelques brillants résultats ont su faire du pays un exemple, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Une production énergétique faiblement carbonée

Son mix-énergétique, composé majoritairement de nucléaire, lui permet d'enregistrer un facteur carbone parmi les plus bas d'Europe. Aussi, la fiscalité écologique, sur les carburants, les énergies ou les industries ou produits polluants, est élevée et atteint 3,3% du PIB. La Finlande est ainsi parvenue à favoriser l'utilisation d'énergies décarbonées.

Là où la France a échoué en 2010, la Finlande est parvenue dès les années 1990, à introduire un mécanisme de taxe carbone. Il repose sur une double taxation des énergies fossiles, à la fois sur la consommation énergétique et sur le taux d'émission en CO2. Elle permet aujourd'hui de générer près de 500 millions d'euros de bénéfice chaque année. Autre exemple: alors que la Commission Européenne s'est prononcée ce 13 février en faveur d'un plan d'action pour l'exploitation durable des ressources et pour la bioéconomie. La Finlande avait déjà initié une «stratégie en matière de ressources naturelles» reposant sur une utilisation pragmatique des ressources naturelles.

C’est donc un pays figurant parmi les pionniers européens en matière de politique écologique. S'il peut paraître regrettable de n'avoir pas entendu parler d'écologie durant cette campagne, il faut relativiser. Il ne faut pas considérer la situation à travers le prisme français, éloigné d’une réalité nordique... naturellement verte.

Julie Monge

Denis Foussier

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