L’idée de justice climatique, d’abord énoncée à Copenhague puis développée à Cochabamba en avril dernier, a fait son chemin et devrait figurer parmi les thématiques abordées lors du 16ème sommet …
un tribunal pour les crimes contre l’environnement
L’idée de justice climatique, d’abord énoncée à Copenhague puis développée à Cochabamba en avril dernier, a fait son chemin et devrait figurer parmi les thématiques abordées lors du 16ème sommet sur le changement climatique de Cancún.
À Copenhague, en décembre 2009, la Bolivie fut l’un des rares gouvernements à manifester ouvertement son désaccord avec le texte présenté par les États-Unis, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Malgré les recommandations du GIEC, cette proposition ne comporte aucun engagement contraignant, et n’offre aucune réelle garantie de financement pour les pays les plus pauvres. Quelques jours plus tard, le président bolivien Evo Morales invitait les réseaux militants à participer à une Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre-Mère, qui s’est tenue à Cochabamba du 19 au 22 avril 2010.
Parmi les idées énoncées dans la déclaration finale, le renouvellement du protocole de Kyoto, seul texte international à portée contraignante, en faisant passer à 50% la réduction des émissions, la notion de dette climatique des pays industrialisés, l’abandon des mécanismes de marché du carbone, ou encore la redéfinition des forêts afin que les plantations extensives et les monocultures ne soient plus considérées comme telles. 'L’Accord des Peuples' soulève également le problème des droits des peuples autochtones et des réfugiés climatiques, dont le nombre pourrait atteindre 200 millions en 2050. La proposition la plus emblématique reste toutefois celle d’un tribunal international de justice climatique et environnementale.
Lors de la conférence de Bonn, le Groupe de travail spécial de l’action concertée à long terme au titre de la Convention a décidé de retenir une douzaine de propositions issues de l’accord de Cochabamba, qui seront débattues entre le 4 et le 9 octobre à Tianjin, en Chine, au cours de la dernière réunion sur le climat avant le grand rendez-vous de Cancún. Celui-ci aura lieu du 29 novembre au 10 décembre, dans la célèbre ville touristique mexicaine.
Le gouvernement bolivien, ainsi que de nombreuses organisations et mouvements internationaux issus de la société civile, se félicitent de ces décisions. Pour autant, ils ne se font pas beaucoup d’espoir quant aux possibles avancées qu’entraîneront les débats du prochain sommet mondial sur le climat. Une fois encore, tout dépendra de la bonne volonté des pays industrialisés et de leur engagement à réduire de manière significative leurs émissions de gaz à effet de serre.
Les activistes craignent que lors du prochain sommet sur le climat, les pays les plus vulnérables, faute de mieux, ne préfèrent se rallier à la proposition non contraignante énoncée à Copenhague, afin d’obtenir des financements, aussi maigres soient-ils.
Si le pessimisme est de mise à court terme, ils estiment toutefois que l’idée de justice environnementale finira par s’imposer, et qu’elle a de fortes chances d’être votée par l’Assemblée générale des Nations Unies, majoritairement constituée de pays émergents.