Pour la première fois, un tribunal néerlandais a jugé la filiale de la multinationale pétrolière Shell coupable de dégâts environnementaux dans le Delta du Niger.
Un tribunal néerlandais ordonne à Shell de payer des dommages à un fermier
Pour la première fois, un tribunal néerlandais a jugé la filiale de la multinationale pétrolière Shell coupable de dégâts environnementaux dans le Delta du Niger.
Un procès historique
Depuis des décennies, la population du Delta souffre de la pollution terrible que lui fait subir la présence de pétrole dans leurs sols. Pour eux, le responsable est évidemment la société Shell, qui l’exploite. Quatre Nigérians et l’organisation « Friends of the Earth » avaient porté plainte en 2008 aux Pays Bas où Shell a son siège social. Ils demandaient des dédommagements pour la perte de revenus provoquée par la terre, la nappe phréatique et les voies d’eau imbibées de pétrole dans le Delta du Niger. Shell s’est toujours défendue en disant que ce n’était pas la faute de son exploitation mais celle des sabotages sur ses pipelines.
Shell est partiellement responsable
Or, un tribunal civil de La Haye a décidé fin janvier que Royal Dutch Shell pouvait être tenue partiellement responsable de la pollution. Selon le juge, la société aurait du empêcher les sabotages de ses installations et le vol de son pétrole. Le juge a demandé à la filiale nigériane Shell Petroleum Development Company (SPDC), de payer des dommages à un fermier nigérian, Friday Akpan. Il recevra une somme encore confidentielle pour avoir subi la négligence de Shell qui n’a pas protégé ses installations des voleurs. En ne cachant pas la vanne sur un pipeline que les saboteurs ont forcé, et en ne réagissant pas rapidement pour colmater la fuite, Shell est responsable des dégâts aux champs de M. Akpan.
"Shell Nigeria aurait du éviter ce sabotage. C’était possible. C’est pour cela que le tribunal a condamné Shell Nigeria à payer un dédommagement" ont déclaré les juges.
Seul un plaignant sur quatre n’a pas été débouté
Toutefois, Shell ne peut pas se plaindre : le tribunal a débouté quatre autres plaintes similaires de fermiers qui ont perdu leur moyen de subsistance. Le tribunal a reconnu que les quatre autres fuites entre 2004 et 2007 étaient aussi le résultat de sabotages. Mais en conséquence, les fermiers n’étaient pas victimes de Shell - mais des saboteurs.
Mr. Mutiu Sunmonu, le directeur de Shell Companies au Nigeria s’est déclaré satisfait qu’on ait trouvé que les fuites étaient le résultat d’activités criminelles.
Le million d’autres Nigérians touchés par la pollution n’ont pas encore fait entendre leur voix.