Les organisations de protection de la nature s’érigent contre le premier recensement des éléphants de l’île. Car l’administration s’est à peine cachée de sa volonté d’identifier les petits les plus adéquats pour être capturés et élevés.
Un recensement des éléphants très polémique
Les organisations de protection de la nature s’érigent contre le premier recensement des éléphants de l’île. Car l’administration s’est à peine cachée de sa volonté d’identifier les petits les plus adéquats pour être capturés et élevés. Une pratique cruelle et dangereuse pour la conservation de l’espèce.
L’île de Sri Lanka abrite plus de 10% des éléphants d’Asie. Selon le premier recensement de leur population récemment effectué par les autorités, il y en aurait plus de 7000 dans le pays. Mais les organisations de protection de l’environnement discutent ces chiffres. Et surtout, elles accusent le gouvernement de viser à capturer des jeunes spécimens sous couvert de recensement.
Sajeewa Chamikara est le président de l’ONG Environment Conservation Trust (ECT). Si son organisation s’était dans un premier temps prononcée en faveur de la tenue de ce recensement, elle a reculé au dernier moment. En cause, la déclaration du ministre des Services agricoles et de la Vie sauvage S.M. Chandrasena. Selon lui, le pays a besoin de capturer plus de 300 petits éléphants...
Prétexte religieux
Pourquoi? Avant tout pour des raisons religieuses. Les temples bouddhistes du pays ont en effet la tradition d’élever des éléphants, et leurs troupeaux se font de plus en plus vieux. Ces animaux sont notamment utilisés lors du festival de Perahera. Les exigences de cette tradition représentative du pays sont grandes, et tous les spécimens ne conviennent pas. D’où l’idée des autorités d’identifier les animaux adéquats lors de ce recensement, pour les capturer ensuite. Sajeewa Chamikara prévient :
C’est important de sensibiliser le public au destin des éléphants domestiqués. Ils sont maltraités, mal nourris et meurent souvent prématurément (…) Il y a même des éléphants qui ont été battus à mort.
Or la population de pachydermes n’est pas si importante que le recensement pourrait le faire croire. La méthodologie de comptage employée est en effet contestée. D’autre part, le nombre de morts augmente sans cesse, alors que la natalité baisse. En cause selon M. Chamikara, le développement économique et urbain qui conduit à de plus en plus de conflits homme/éléphant. Selon lui, 200 animaux et 20 hommes meurent de cette cause chaque année.
L’idée d’un relevé précis du nombre et de la composition de la population d’éléphants la plus importante du continent asiatique était intéressante. Mais il faudra la prochaine fois convaincre le public que les objectifs de cette démarche sont bien la protection de l’animal, et non son exploitation économique.