En Patagonie, le recul des glaciers associé au réchauffement planétaire, peut avoir des conséquences surprenantes. Depuis 2008, le lac Cachet 2 se vide trois fois par an, de manière extrêmement brutale.
Un lac de montagne disparaît en quelques heures
En Patagonie, le recul des glaciers associé au réchauffement planétaire, peut avoir des conséquences surprenantes. Depuis 2008, le lac Cachet 2 se vide trois fois par an, de manière extrêmement brutale. Le phénomène a pu être photographié pour la première fois par des scientifiques.
Comment une étendue d’eau de 200 000 millions de mètres cubes peut-elle disparaître en une seule nuit ? Pour tenter de mieux comprendre, les chercheurs du Centre d’investigations scientifiques de Valdivia (CECs) ont installé une caméra sur les berges du lac glaciaire Cachet 2 et ont pu assister à l’étrange évènement.
Survenu dans la nuit du 31 mars 2012, ce phénomène connu sous le nom de GLOF (Glacial Lake Outburst Flood) est dû à un drainage naturel ayant lieu dans certains lacs lorsque l’une de ses rives s’appuie contre un glacier.
C’est le cas du Cachet 2, dont le côté sud est adossé au glacier Colonia, qui forme jusqu’à présent une barrière de glace infranchissable. Dans cette région de Patagonie, la température moyenne a augmenté de près d’un degré au cours des 50 dernières années, entraînant un recul de 100 à 200 mètres de la base du glacier.
La fonte accélérée se traduit également par une élévation du niveau du lac et par une fragilisation de la masse de glace qui le retient. Avec le temps, cette situation a entraîné l’apparition d’un tunnel de 7 kilomètres sous le glacier, qui se débouche parfois lorsque la pression exercée par le lac devient trop importante. Le Cachet 2 se vide alors à la manière d’un gigantesque lavabo dont on aurait retiré la bonde, et ses 200 000 millions de mètres cubes d’eau sont siphonnés en quelques heures seulement. Ceux-ci réapparaissent dans un autre lac, situé en contrebas du glacier.
C’est la deuxième fois en 2012 que le lac Cachet 2 “perd ses eaux”, et les experts du CECs estiment que l’élévation de la température à la surface de la Terre risque d'accélérer le phénomène. Gino Casassa, glaciologue au CECs affirme:
« D’autres régions du monde sont touchées de la même manière, notamment dans l’Himalaya et dans les Andes péruviennes. »
S’il se répète trop souvent, le phénomène pourrait avoir d’importantes conséquences sur les écosystèmes associés au lac. Les populations et les infrastructures locales pourraient également être affectées : l’expert rappelle que le gouvernement compte construire un gigantesque barrage sur le fleuve Baker, dans lequel les eaux du Cachet 2 viennent finir leur course.