En 2020, une réglementation mondiale transformait radicalement le type de carburant utilisé par les navires, réduisant considérablement leur teneur en soufre. Bien que cette mesure visait à diminuer les problèmes de santé liés aux émissions toxiques, elle interroge aujourd’hui sur son rôle potentiel dans l’accélération du réchauffement climatique. Quel est l’impact réel de cette réglementation sur notre environnement ?
Transport maritime : cette nouvelle norme amplifie-t-elle le réchauffement climatique ?
La nouvelle norme de l'Organisation maritime internationale
Depuis le début de 2020, tous les navires, des croisiéristes aux pétroliers, doivent utiliser un carburant dont la teneur en soufre ne dépasse pas 0,5 %, contre 3,5 % précédemment. Cette règle, mise en place par l'Organisation maritime internationale (OMI), vise à réduire les émissions d'oxydes de soufre (SOx) qui sont non seulement nocives pour la santé humaine mais aussi pour l'environnement.
La mise en œuvre de cette norme a conduit à une réduction importante des émissions de SOx, avec une baisse de 7,4 millions de tonnes métriques en 2020 par rapport à l'année précédente. Cela représente une diminution de près de 77 %, approchant ainsi de l'objectif initial fixé par l'OMI. Seulement deux infractions ont été relevées en 2023, montrant une conformité élevée parmi les navires en service.
Le rôle des aérosols de soufre
Les oxydes de soufre, bien qu'ils soient polluants, jouent un rôle clé dans la formation de nuages réfléchissants qui aident à renvoyer une partie du rayonnement solaire dans l'espace. Avec la réduction des émissions de SOx, certains scientifiques craignent une diminution de cette couverture nuageuse réfléchissante, ce qui pourrait, paradoxalement, contribuer à une augmentation des températures à la surface du globe.
Selon les recherches menées par des institutions comme le CNRS, la modification de la composition des nuages au-dessus des océans est détectable depuis l'application de la nouvelle norme. Une étude récente suggère même que cette réduction des émissions pourrait entraîner une hausse de 0,05°C de la température globale d'ici 2029. Bien que cette augmentation paraisse minime, elle s'ajoute à d'autres facteurs exacerbant le réchauffement climatique, rendant la situation encore plus préoccupante.