Carburant : Singapour veut accélérer la décarbonation du secteur aérien

Par paolo garoscio Publié le 19 février 2024 à 15 h 42
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L'aviation, longtemps critiquée pour son empreinte carbone, prend le pas de la transition énergétique. Après l'Union européenne, c'est au tour de la cité-État de Singapour d'imposer un taux de carburant durable (SAF) aux compagnies opérant sur son sol d'ici à 2026. L'annonce a été faite par le ministre des Transports, Chee Hong Tat, à l'occasion du salon de l'aéronautique de Singapour. 

Singapour et l'UE : pionniers de la décarbonation du secteur aérien

Singapour se positionne en leader de la transition énergétique dans l'aviation en imposant aux compagnies aériennes l'intégration de carburants durables, aussi appelés SAF. Le ministre des Transports, Chee Hong Tat, a annoncé que dès 2026, un minimum de 1% de SAF devra être intégré, avec l'objectif d'augmenter cette part à entre 3 et 5% d'ici 2030. Cette initiative, alignée sur les ambitions de l'UE, vise à accélérer la décarbonation du secteur aérien qui représente 3% des émissions de carbone à l'échelle mondiale. Le ministre des Transports de Singapour, Chee Hong Tat, a souligné cette démarche comme un levier pour « encourager les investissements dans les technologies vertes », et envisage d'accompagner les compagnies dans leur transition en instaurant une taxe sur les billets d'avion qui sera payée par les voyageurs.

L'UE, avec son programme Refuel EU adopté en septembre 2023, s'est engagée sur une trajectoire similaire, et imposera une incorporation progressive de SAF à toutes les compagnies aériennes sur son sol, avec un objectif de 2% en 2025, et de 70% en 2050. Comme l'a souligné Matteo Mirolo de l'ONG Transport & Environment (T&E), li s'agit du « plus gros mandat d’incorporation au monde de SAF ». Cette législation souligne aussi l'importance des e-kérosènes, visant 35% du mix en 2050, malgré les défis liés à leur coût et disponibilité actuelle.

Les enjeux liés aux investissements et à l'accès aux matières premières

Le virage vers les SAF se heurte néanmoins à deux obstacles majeurs : les besoins en financement et le manque d'accès aux matières premières. Les ressources telles que les déchets organiques, les huiles usagées, et les résidus de bois, bien que prometteuses, sont limitées. La transition vers une aviation plus verte représente également un défi financier majeur pour les compagnies aériennes, les carburants durables étant 3 à 5 fois plus chers que le kérosène fossile. Air France, a par exemple déjà investi 100 millions d'euros pour incorporer seulement 1% de SAF en 2022, et la compagnie française estime que la facture pourrait s'élever à 1 milliard d'euros pour atteindre les 10%.  

T&E a recensé un total de 45 projets, dont 25 projets industriels et 20 projets pilotes, dans l'Union européenne, en Norvège et en Islande pour l'année 2023. Ce nombre représente une augmentation de 17 projets par rapport à novembre 2022. Cependant, aucun de ces projets n'a encore fait l'objet d'une décision d'investissement.  Comme l'a souligné Jérôme du Boucher, responsable aviation chez T&E auprès de nos confrères de  « il faut passer de la théorie à la pratique, et veiller à ce que les projets relatifs à l'e-kérosène se concrétisent réellement, faute de quoi la loi ne sera qu'un vœu pieux », et pour cela, les compagnies ont besoin de l'aide des États.

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