La montagne se cherche une voie d’avenir face à la crise climatique et pour ce faire certains opérateurs touristiques expérimentent des approches d’un nouveau genre. MMV, réseau de Villages Clubs et Résidences Clubs implanté dans les Alpes, déploie pour l’été 2025 une offre qui dépasse la seule logique commerciale. À travers ses choix, ses partenariats et ses investissements, l’acteur touristique assume un positionnement fondé sur l’emploi local, le développement des stations et une stratégie climat revendiquée.
Tourisme de montagne : l’équation délicate entre emplois locaux, modèle économique et transition écologique
By paolo garoscio
Published on 15 avril 2025 15 h 27
Restructurer l’économie d’altitude pour l’adapter à l’été
Alors que de nombreuses stations alpines souffrent d’une fréquentation erratique hors saison hivernale, MMV poursuit sa stratégie de désaisonnalisation. Quatre Villages Clubs ouvriront pour l’été 2025 à Val Cenis, Flaine, Tignes-Les Brévières et Alpe d’Huez. Cette implantation estivale est tout sauf anecdotique : elle participe à rentabiliser les infrastructures existantes, mais aussi à répartir plus équitablement l’activité touristique sur l’année.
Ce choix a des conséquences tangibles sur le terrain. Il permet de maintenir des flux touristiques dans des communes qui, sans cela, fonctionneraient en sous-régime plusieurs mois par an. Il offre aussi aux équipes locales une possibilité de travailler sur des périodes prolongées, limitant la précarité souvent associée à l’emploi saisonnier.
MMV acteur de l’emploi local
MMV mobilise à chaque saison environ 1 800 collaborateurs, entre postes permanents et saisonniers. Tous les saisonniers sont logés, ce qui permet de limiter les déplacements, d’optimiser le temps de travail et de répondre à l’une des principales difficultés du recrutement en montagne : l’accès à un hébergement stable. Le groupe structure aussi une politique de montée en compétence avec des parcours de formation et d’évolution vers des responsabilités en animation, encadrement ou gestion technique.
Mais l’impact économique ne se résume pas à l’interne. En travaillant avec des partenaires locaux comme La Bio d’Ici, Bonneval, Atypique ou Alpina, MMV valorise une alimentation partiellement locale : 30 % des produits servis en 2025 seront d’origine locale ou labellisée, avec un objectif de 80 % à horizon 2028.
Le virage environnemental se structure
Depuis 2023, MMV déploie un plan stratégique baptisé Edelweiss 2030, qui trace les contours de sa transformation écologique. Ce programme s’articule autour d’objectifs mesurables et déjà partiellement atteints. Sur le plan climatique, le groupe a réduit de 55 % ses émissions carbone (scopes 1 et 2) entre 2021 et 2024, avec un cap clair vers la neutralité carbone d’ici 2030.
Les transports font partie des leviers principaux. L’été 2025 marque le déploiement de 57 bornes de recharge électrique sur l’ensemble du réseau, en partenariat avec Bump, ainsi que la montée en puissance du partenariat avec TicTacTrip, qui permet aux voyageurs optant pour le train de bénéficier d’un remboursement de 150 euros. L’objectif est autant écologique que logistique : réduire la congestion routière, les émissions associées, et offrir aux familles une alternative plus sereine.
L’entreprise participe également au Parcours Alpes 2024 de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), un cadre de réflexion collectif visant à engager les entreprises dans une économie régénérative à l’horizon 2030. MMV y affirme sa volonté d’inscrire son modèle dans une dynamique globale de transformation.
Rénovation et construction : vers un bâti plus durable
Le développement de MMV passe aussi par le bâti. Sur le volet rénovation, le groupe applique un modèle économique favorisant la remise à niveau énergétique des hébergements existants, en optimisant leur usage à l’année. Cette orientation vise à réduire les dépenses énergétiques tout en maintenant une qualité de service.
En parallèle, le lancement d’un nouveau projet à Serre-Chevalier marque une avancée significative. La Résidence Club de 1 000 lits, dont la construction démarre en 2025, sera certifiée NF Habitat HQE Très Performant et BiodiverCity, deux labels reconnus pour leur exigence en matière de performance environnementale et de respect des écosystèmes.