Les hommes se marient avec des mineures depuis des générations au Swaziland. Mais la loi vient enfin de l’interdire.
Interdiction de se marier avec des enfants
Les hommes se marient avec des mineures depuis des générations au Swaziland. Mais la loi vient enfin de l’interdire.
La polygamie est commune
Sandra Kunene, qui milite contre le sida, triomphe :
Ce n’est pas la tradition qui exige que les hommes swazi se marient avec de jeunes pubères. C’est juste une habitude. Et cette pratique favorise la transmission du VIH parmi les jeunes. Désormais, le Swaziland a la plus grande prévalence de VIH au monde. Cette loi est donc une victoire pour la santé publique et pour les droits des adolescentes.
En effet, les hommes sont souvent polygames, comme le roi du Swaziland. Les filles ne sont pas dans une position où elles peuvent exiger des relations protégées. Elles ont peu d’éducation et n’ont pas accès aux médias et à l’éducation sexuelle. Elles sont le plus souvent isolées et sans moyen de transports. Si le mari est infecté, la fille n’a alors aucun moyen de se protéger.
Une loi attendue
Ces mariages étaient une zone d’ombre avant la promulgation de la Loi pour la protection et le bien-être des enfants de 2012. Mais en septembre, le vice-premier ministre, Themba Masuku, a annoncé l’intention du gouvernement de sévir. Dans le passé, les hommes qui avaient des relations avec des adolescentes étaient poursuivis pour détournement de mineurs … s’ils n’étaient pas mariés avec elles. Désormais, la loi prévoit de les poursuivre pour détournement de mineur, et de leur donner une amende de $2 400. Les parents et les tuteurs qui arrangeraient un mariage avec un adulte encourront jusqu’à 20 ans de prison.
Pour Masuku, l’amende devrait être de $12 000 :
Peut-être qu’alors ils feraient attention.
Des traditions qui favorisent les pratiques sexuelles à risque
D’autres coutumes swazies ont aussi été pointées du doigt. Agnes Simelane, une assistante sociale explique :
Chez les Swazis, il est traditionnel qu’un homme accueille la veuve de son frère chez lui. Elle deviendra sa nouvelle épouse, car les hommes sont polygames. Mais si le mari est mort du sida et a infecté sa femme, elle va passer le virus à son beau-frère. Ou bien si le frère est séropositif, c’est lui qui peut infecter la femme. Quoi qu’il en soit, la femme n’a rien à dire à l’affaire .
L'historien Thomas Graham explique la coutume :
Dans le temps, la polygamie se justifiait. Quand les Swazi étaient quelques milliers au 19ème siècle et que l’espérance de vie était de 35 ans, il était logique de se marier jeune et d’avoir de nombreuses femmes, pour perpétuer la nation. Cette nouvelle loi montre bien la rivalité qui existe entre vie traditionnelle et vie moderne.
Nthando Dlamini, qui est une conseillère VIH rajoute :
Cette loi est une bonne chose. Les hommes continuent de penser que d’avoir des relations sexuelles avec des vierges va les guérir du VIH. Au moins, on leur ferme une porte.