Afin de valoriser un sous-produit du secteur laitier, un projet pilote mené dans la province de Córdoba procède à la distillation du lactosérum pour le convertir en combustible.
Le petit-lait : nouvelle source de bioéthanol en Argentine ?
Afin de valoriser un sous-produit du secteur laitier, un projet pilote mené dans la province de Córdoba procède à la distillation du lactosérum pour le convertir en combustible. Après la voiture à eau, la voiture à lait?
Le bioéthanol n’est plus une nouveauté en Argentine, même si l’on est loin derrière le Brésil, où il est disponible à la pompe depuis plusieurs années déjà. Les évolutions concernent désormais son mode de production : initialement obtenu à partir de soja, de canne à sucre et de maïs, des expérimentations prometteuses ont vu le jour en Amérique Centrale et aux États-Unis, où l’on produit désormais le bioéthanol à partir de nouvelles plantes telles que la salicorne, les soudes, l’atriplex, le jatropha et le topinambour. L’objectif affiché est de ne plus utiliser de produits agricoles qui pourraient être destinés à l'alimentation humaine.
Dans la province de Córdoba, on fait mieux encore : l’ingénieur Tulio del Bono, ministre des Sciences et de la Technologie, développe un projet de production de bioéthanol à partir de lactosérum (le petit-lait), résultant de la fabrication du fromage. Considéré comme un déchet, il est jeté ou vendu à bas-prix, et finit sa course dans les cours d’eau, qu’il contamine gravement.
Mais puisqu’il contient du lactose, un glucide, il est possible de le distiller afin de produire de l’alcool, et de faire d’une pierre deux coups : résoudre le problème de son recyclage et offrir une solution alternative de production d’éthanol.
Car à l’instar de l’Union Européenne, l’Argentine prévoit de rendre obligatoire à la fin de l’année le coupage de l’essence avec du bioéthanol à hauteur de 5%. Mais elle peine à produire les 250 millions de litres nécessaires à cette mesure. Or le lactosérum, s’il était distillé dans sa totalité, permettrait de produire 125 millions de litres à l’année, soit la moitié de ses besoins.
Ce procédé pourrait donc se transformer en véritable aubaine pour un secteur en crise, qui a vu fermer de nombreuses laiteries au cours de la dernière décennie. Reste cependant à créer les infrastructures qui permettront son application. Cela implique une restructuration profonde du secteur, afin de mettre en place les installations de collecte et de transformation à grande échelle.
Mais le prix de vente du bioéthanol approche les 55 centimes d’euros le litre, et laisse entrevoir des revenus supplémentaires de l’ordre de 70 millions d’euros. Cette manne inespérée, qui si elle est exploitée correctement devrait profiter à tous les acteurs de la fabrication du fromage, justifie les investissements et les modifications nécessaires.
Au moment où l’épuisement inéluctable des réserves de combustibles fossiles pousse le monde à la production d’énergies renouvelables, l’Argentine s’apprête donc à doper sa production de bioéthanol grâce au recyclage d’un sous-produit polluant, démontrant ainsi que la recherche de solutions durables, en plus d’être bénéfique pour l’environnement, peut souvent s’avérer très rentable.