Episode 3: Maison en paille, l’habitat durable par excellence
Série : l’éco-construction, une autre vision de l’habitat
Episode 3: Maison en paille, l’habitat durable par excellence
Autant le dire: les trois petits cochons avaient tout faux. Vieux de plus d’un siècle, les premiers bâtiments construits à partir de bottes de paille ont fait la preuve de leur longévité. Matériau naturel au pouvoir isolant inégalable, la paille reste un must dans le domaine de l’éco-construction.
Lorsqu’on aborde le sujet des constructions en paille, il convient de couper court aux idées reçues. La plus effrayante d’entre elles: le risque d’incendie. Fortement compressées, les bottes ne contiennent que très peu d’air; trop peu pour permettre une combustion rapide. Résultat, les murs de paille résistent mieux aux incendies que ceux en béton.
Quant à leur solidité, avec une épaisseur moyenne de 40 centimètres et un enduit approprié, ils offrent des caractéristiques mécaniques comparables aux autres matériaux de construction. Et pour un prix largement inférieur.
Utilisée partout à travers le monde, la paille a servi pendant des millénaires à construire des toits de chaumes, des huttes, ou encore à isoler le tipi des indiens d’Amérique. Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle et l’apparition des premières botteleuses mécaniques pour qu’elle se transforme en matériau de construction moderne.
La méthode Nebraska et la technique du GREB
Les premiers édifices en bottes de paille voient le jour au Nebraska. L’absence de bois et de terre argileuse y entraine la construction de toutes sortes de bâtiments. Dont la célèbre église de Pilgrim Holiness, édifiée en 1928 et toujours debout à l’heure actuelle.
Ce sont les débuts de la méthode Nebraska, encore employée de nos jours: empilées en quinconce, les bottes forment à elles-seules les murs porteurs. Simple et peu onéreuse, cette technique limite la taille des ouvertures et le nombre d’étages, afin de ne pas compromettre la stabilité du bâtiment.
La plupart des maisons en paille sont construites à partir d’une structure porteuse en bois (maisons à ossature bois). Les bottes servent au remplissage des murs. Pionniers du renouveau de la maison en paille, les Québécois ont développé une variante connue sous le nom de technique du GREB. Celle-ci est appréciée pour la simplicité de sa mise en œuvre.
Une isolation contre l'humidité
Quelle que soit la méthode choisie, il convient de protéger avec soin les façades extérieures: la paille résiste mal à l’humidité. Pour conserver les propriétés respirantes de la paille, un enduit à base de chaux ou de terre est employé sur l’ossature. Un bardage en bois cloué peut aussi être utilisé.
Des murs de soubassement devront isoler la paille des remontées d’humidité par capillarité. Les débords de toit seront généreux pour limiter l’impact de la pluie.
À l’heure où les règlementations de la consommation énergétique des bâtiments se durcissent partout dans le monde, les propriétés isolantes exceptionnelles et le faible prix de ce matériau naturel séduisent de nombreux auto-constructeurs.
Un succès croissant
La paille permet de bâtir des maisons passives, comme la S-House autrichienne, véritable référence en matière d’économie d’énergie.
La Didimala Lodge, en Afrique du Sud convaincra par son luxe ceux qui voient ce matériau comme une rusticité du Moyen Âge. Ce vaste complexe cinq étoiles est construit à partir de 10 000 bottes de paille.
Saine, recyclable, performante et disponible en abondance à moindre coût, la paille fait partie des matériaux incontournables de la construction durable. En France, cette technique connaît un succès croissant. Les réglementations ont fini par évoluer pour réserver à la paille la place qui lui revient de droit: au sommet de la liste des matériaux verts.
Pierre Fleutot