Aux États-Unis comme au Canada, il n’existe aucune norme qui oblige l’étiquetage des OGM sur les aliments. Pourtant plusieurs groupes continuent de faire pression en demandant de connaitre clairement la provenance de leurs aliments avec notamment un étiquetage “sans OGM”.
Sans un étiquetage OGM, mangeons-nous tous du poison?
Aux États-Unis comme au Canada, il n’existe aucune norme qui oblige l’étiquetage des OGM sur les aliments. Pourtant plusieurs groupes continuent de faire pression en demandant de connaitre clairement la provenance de leurs aliments avec notamment un étiquetage "sans OGM".
Des OGM plein les assiettes
Pensez-vous que si 93% des Américains pouvaient se mettre d’accord sur quelque chose, leur gouvernement y prêteraient davantage attention? Dans le cas des labels "sans OGM", vous auriez tort. Un sondage Thomson Reuters démontre par exemple la forte demande des consommateurs pour des étiquetages sans OGM. Mais ni le Congrès, ni le FDA (Food and Drugs Administration), ni le USDA (US Department of Agriculture) ne semblent prêts à répondre à leur attente.
Comme le démontre également le rapport sur la surveillance de la nourriture et de l’eau, il est maintenant impossible de ne pas manger d’OGM. 94% du soja et 88% du maïs aux États-Unis sont cultivés à partir de semences génétiquement modifiées. La viande des supermarchés provient également d’élevages nourris aux OGM, et tout aliment modifié non certifié bio contient immanquablement du soja ou du maïs génétiquement modifié, sous forme de la lécithine ou de sirop de maïs riche en fructose. Et sans étiquetage, les consommateurs sont volontairement maintenus dans le noir le plus complet...
Nouvelle vague d’activisme pour forcer le gouvernement à agir
Durant les deux premières semaines d'octobre, un groupe du nom de Right2Know est parti en marchant de New York, en passant par Philadelphie, pour se rendre à Washington afin de demander l’étiquetage clair des aliments contenants des OGM. Maintenant que les gens sont dans la rue, comment Washington et les médias vont-ils réagir ? Une autre campagne lancée la semaine dernière, JustLabelIt, est soutenue par un groupement de 400 entreprises et organismes "dédiés à la sécurité alimentaire et aux droits des consommateurs".
L'objectif initial de JustLabelIt était d'adresser une pétition à la FDA pour forcer les entreprises à étiqueter les aliments contenant des ingrédients génétiquement modifiés. Mais cette dernière ne semble pas vouloir coopérer. Tout en refusant de commenter la pétition, le porte-parole de l’organisme Tamara Ward a déclaré que "les aliments génétiquement modifiés ne présentaient pas de problèmes de sécurité différents que pour leurs homologues traditionnels."
OGM : dangereux pour la santé?
Déclaration évidente, si l’on en croit un article de Tom Philpott, puisque les tests scientifiques sur la sécurité des OGM sont limités, voire inexistants. Comme il le détaille, il n’y a quasiment pas de recherche sur les conséquences et les impacts des OGM sur la santé. L’industrie alimentaire aurait convaincu la FDA que ce type de tests n’était pas nécessaire. Dans le même temps, les entreprises qui contrôlent les brevets sur les semences OGM refusent de donner l’accès de leurs données aux scientifiques sauf s’’ils acceptent de ne pas fouiller trop profondément au niveau de la sécurité.
Aussi longtemps que les OGM seront considérés comme identiques aux traditionnels fruits et légumes, demander à la FDA d’agir ne semble pas être gagné... Il est vrai que, contrairement à la bactérie E. coli qui a contaminé la viande ou encore la listeria qui a touché dernièrement les melons cantaloups américains, les aliments génétiquement modifiés ne semble pas causer de symptômes aigus. Mais qu'en est-il des maladies chroniques ? De nombreux avocats sont aussi interpellés par ce manque d'informations scientifiques et sur les conséquences possibles à long terme des effets des OGM. Les tribunaux américains se la posent aussi depuis longtemps. L’étiquetage des aliments finira-il devant la justice ?
Il semblerait pourtant qu’une simple loi obligeant les étiquetages serait beaucoup plus simple qu'une bataille judiciaire. Mais là encore, ce n’est pas gagné. L’espoir qu’une action se déplace vers les États semble quant à elle plus plausible aujourd’hui. En Californie par exemple, un effort est fait pour obtenir un référendum sur l’étiquetage des produits et la traçabilité des OGM. Si cela devait être accepté, d'autres États pourraient emboîter le pas et les consommateurs obtiendraient la transparence qu'ils méritent.