Les sanctions économiques imposées à la Russie depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022, continuent de bouleverser les relations internationales et de modifier l’économie mondiale. Alors que ces mesures visent principalement à affaiblir l’économie russe, elles ont également des répercussions importantes sur les économies européennes. Les secteurs de l’industrie et de l’énergie en ont fait les frais, et les risques pourraient être bien plus importants.
Sanctions contre la Russie : un effet boomerang sur l’économie européenne
Dès leur mise en place, les sanctions contre la Russie ont été conçues pour restreindre l’accès aux ressources économiques nécessaires au financement de l’effort de guerre. Toutefois, les conséquences de ces mesures se sont rapidement répercutées sur l’économie européenne. Privée de l’énergie bon marché que fournissait la Russie, notamment le gaz et le pétrole, l'Europe a vu ses coûts énergétiques exploser.
En 2023, les prix de l'électricité ont augmenté de plus de 40% en Europe, touchant des secteurs comme l’industrie chimique allemande, qui a vu ses coûts énergétiques quadrupler. Une hausse des coûts de fonctionnement qui a entraîné des fermetures d'usines et des délocalisations, notamment vers la Chine, où le prix de l’énergie est plus bas (notamment grâce à la Russie, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes).
Une économie russe résiliente, l’Europe trinque
Si les sanctions étaient censées provoquer un effondrement rapide de l'économie russe, la réalité a été tout autre. La Russie a su s'adapter en réorientant ses exportations énergétiques vers des marchés asiatiques, comme la Chine et l’Inde. En 2023, la Russie a même enregistré une croissance de 4%, une situation inattendue qui contraste fortement avec les prédictions initiales de la majorité des économistes européens.
En Europe, l’impact des sanctions se fait sentir à tous les niveaux. En plus de l’explosion des coûts énergétiques, les ménages européens ont dû faire face à une inflation sans précédent. En France, l’inflation a atteint 7% en 2023, et le pouvoir d’achat des ménages s’est érodé à mesure que les prix des produits de première nécessité ont augmenté. Et ces derniers ont augmenté entre autres à cause de la hausse des prix de l’énergie.
Des risques écologiques inattendus qui découlent des sanctions
Bien que les conséquences écologiques des sanctions restent une préoccupation secondaire, elles ne sont pas négligeables. En effet, les sanctions maritimes, qui visent à réduire la capacité de la Russie à exporter du pétrole, ont poussé certains acteurs à contourner les régulations via l’utilisation de ce qu’on a pris l’habitude de nommer une « flotte fantôme ». Les navires qui la composent, souvent plus anciens que la moyenne de la flotte mondiale, circulent sans régulations strictes, augmentant ainsi les risques d'accidents maritimes et de catastrophes écologiques. Les assureurs maritimes européens n’ont en effet plus le droit d’assurer des navires transportant du pétrole russe vendu au-delà de 60$ le baril. Et les derniers grands assureurs russes pourraient devoir à leur tour se retirer de ce marché. Les armateurs peu scrupuleux ne vont guère se plaindre de ne pas avoir à réaliser les contrôles de sécurité nécessaires si, de toute manière, aucune assurance ne peut les garantir.
Si les sanctions ont sans doute contribué à affaiblir certains secteurs clés de l’économie russe, leur efficacité à long terme est de plus en plus remise en question, surtout au vu des répercussions sur les pays européens. Quant aux mesures de rétorsion concernant les assurances maritimes, surtout si elles se durcissent, elles pourraient également exacerber en Europe une situation économique et environnementale déjà tendue.