Dimanche 29 mai se sont clôturées les Deuxièmes Rencontres Franco-Brésiliennes Déchets et Citoyenneté. Depuis le 17 mai, elles battaient leur plein à Beauvais, Paris et Plaine Commune.
Roms et catadores main dans la main
Dimanche 29 mai se sont clôturées les Deuxièmes Rencontres Franco-Brésiliennes Déchets et Citoyenneté. Depuis le 17 mai, elles battaient leur plein à Beauvais, Paris et Plaine Commune.
Coopération entre le Sud et la France
Au départ, des catadores brésiliens (ramasseurs de matériaux recyclables) et des acteurs français engagés décident de s’unir. Une première rencontre a alors lieu en 2009 pendant la Semaine européenne de réduction des déchets. Pour cette seconde édition, les recycleurs sont aussi venus d’ailleurs, Chili, Colombie, Inde, coordonnés par l’association WIEGO.
L’idée de rassembler différents acteurs sensibles à la question des déchets est née au Brésil, en 2002. Un festival, Lixo e Cidadania, s’est alors mis en place, suivi en 2008 d' un partenariat franco-brésilien à l’initiative de l’association France Libertés, qui travaille depuis 12 ans avec une coopérative de Belo Horizonte, et la communauté d’agglomération Plaine Commune. Son but : enrichir le débat sur la question des déchets en France.
« La misère est partout la même »
La Semaine Déchets et Citoyenneté a été ponctuée de moments forts. Et notamment, la rencontre avec l’association Coup de Main, qui soutient Roms et Roumains en région parisienne. Créée en 1995, cette association a plusieurs missions : l’insertion professionnelle, l’aide au logement et des actions de solidarité dans les bidonvilles.
C’est à « la Passerelle » à Saint-Denis que la rencontre a eu lieu entre la délégation de catadores (deux Brésiliens et une Chilienne) et l’association Coup de Main, mettant en exergue plusieurs points communs entre roms et catadores. « C’est la même histoire que la nôtre » constate Rooney, président d’une coopérative à Brasilia et membre de l’exécutif du Mouvement National des Catadores de Matériaux Recyclables.
Il y a 10-20 ans, les catadores n’étaient pas encore organisés en coopératives et connaissent les problèmes que peuvent rencontrer aujourd’hui les Roms qui font de la récupération de matériaux sans organisation collective.
« La misère est partout la même », reprend Lala, recycleuse chilienne du Mouvement National des Recycleurs Populaires du Chili.
« Et vous aussi, vous vivez dans une baraque comme ça ? »
La suite de la rencontre s’est faite avec la visite du camp Rom. Au début, la communication a été difficile, notamment à cause de la barrière linguistique (un traducteur tzigane était présent. Etonnés de voir des recycleurs fiers de leur métier, les Roms n’ont pu s’empêcher de demander si les catadores avaient les mêmes conditions de vie. L'un d'eux leur a alors montré en photo sa maison faite de bric et de broc. La confiance a ensuite gagné les interlocuteurs et une longue discussion s’est engagée. Les Roms expliquent qu’ils récupèrent des métaux et des vêtements puis les revendent. Les matériaux ou vêtements inutilisables sont laissés dans une benne mise à disposition par la mairie qui les récupère en échange d’une rémunération. En peu de phrases, de regards et de gestes, beaucoup de messages passent.
L’échange nous a appris une chose : pour les Roms, vivre des déchets constitue une véritable régression sociale et ils n’arrivent pas à comprendre la fierté des catadores.
Quelles perspectives pour valoriser l’activité des Roms ?
Pour l’association Coup de Main, la situation instable des Roms, le manque d’attachement à leur activité et le manque d’unité empêche une action collective de recyclage.
Devant ce constat d’impuissance de l’association, les catadores ont insisté sur l’importance de montrer au public qu’objectivement, le ramassage des matériaux recyclables a des effets positifs pour la société et l’environnement. Ainsi, Severino a rappelé que c’est grâce aux 800.000 catadores que le Brésil est le 1er recycleur d’aluminium au monde. Au Brésil, l’organisation en coopératives autogérées a offert des avancées sociales importantes pour les travailleurs. Par exemple, la loi oblige désormais les municipalités brésiliennes à faire appel à eux pour collecter les matériaux recyclables.
Les catadores ont souligné qu’eux non plus n’avaient pas choisi le ramassage des matériaux recyclables ! Cela a été une nécessité ! La reconnaissance sociale et politique qu’ils ont obtenu, par la suite, résulte, non pas de la bienveillance des autorités, mais d’une lutte longue et acharnée.