Encore très largement artisanale, la fabrication de briques en terre cuite destinées à la construction génère une pollution importante à travers tout le continent sud-américain …
Réduire l’énergie grise des briques traditionnelles
Encore très largement artisanale, la fabrication de briques en terre cuite destinées à la construction génère une pollution importante à travers tout le continent sud-américain. Grâce à un partenariat local dans sept pays, la fondation Swisscontact s’efforce d’enseigner aux artisans comment améliorer leur production, tout en préservant l’environnement.
Carlos Fríaz, artisan mexicain, commence par préparer à la main un mélange d'argile, d’eau et de fumier, qui servira à fabriquer une fournée de briques rouges traditionnelles. Une fois pétrie, la pâte obtenue est introduite dans un moule en bois, puis arrosée afin d'obtenir la consistance désirée. Les briques crues devront sécher au soleil pendant quatre jours avant d'être déposées dans un four. Lesquels fonctionnent généralement au bois, au charbon ou grâce à des dérivés de pétrole. La cuisson dure au moins 24 heures et doit atteindre 1.000°C pour durcir suffisamment les briques.
Souvent décrites comme gourmandes en énergie grise (somme des énergies nécessaires à la fabrication, l’usage et le recyclage d'un produit), les briques pleines restent toutefois un matériau de construction privilégié dans de nombreux pays émergents, en raison de leur simplicité de production et de leur faible coût (moins de 20 centimes d’euros l’unité).
Au Mexique, le secteur compte plus de 20.000 artisans, travaillant presque tous de manière informelle. Selon le Secrétariat à l'environnement et aux ressources naturelles (Semarnat), ces fabriques surexploitent les ressources naturelles, dégradent les écosystèmes et polluent l'air et l'eau avec les résidus de la production.
Le même problème se répète à travers toute l’Amérique Latine : les briqueteries rejettent d'importantes quantités de CO2, des COV (composés organiques volatiles), du monoxyde de carbone ainsi que des microparticules provenant de la cuisson de l'argile. En Colombie, de nombreux fours sont alimentés au charbon minéral. Cette combustion libère en plus du protoxyde d'azote et du dioxyde de soufre, des gaz accusés de provoquer de graves maladies respiratoires parmi les travailleurs et les habitants de la zone.
Pour mettre un frein à cette contamination, la Fondation suisse de coopération pour le développement technique, SWISSCONTACT, a lancé un programme d’évaluation et d'amélioration des techniques mises en œuvre en Argentine, en Bolivie, au Brésil, en Colombie, en Équateur, au Mexique et au Pérou.
Son objectif principal vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en augmentant l'efficacité des processus de fabrication et en promouvant l'utilisation de combustibles alternatifs. L'optimisation des techniques de production entraîne également une amélioration des caractéristiques mécaniques des briques, souvent médiocres.
La fondation suisse estime que les 48.000 fours à briques recensés dans les sept pays concernés par le programme émettent chaque année 6 millions de tonnes de CO2. Selon les spécialistes de SWISSCONTACT, l’amélioration de la technologie employée permettrait une réduction de 30% de ces émissions (1,8 millions de tonnes de CO2 en moins).
La première phase du projet a démarré en 2010 et devrait durer trois ans. Au cours de cette étape, différents types de fours et de combustibles seront passés au banc d'essai, afin de déterminer quelles sont les techniques les moins polluantes. À partir de 2013, des solutions seront ensuite proposées aux artisans, en prenant en compte les particularités de chaque pays.