La polémique autour de la méga centrale hydroélectrique en Amazonie n’en finit pas de secouer l’opinion brésilienne et s’est même amplifiée depuis 15 jours avec un clip tourné par des célébrités qui se montrent farouchement opposées au projet…mais aussi largement désinformés.
Questions et réponses autour du projet le plus polémique du pays
La polémique entourant la méga centrale hydroélectrique en Amazonie n’en finit pas de secouer l’opinion brésilienne et s’est même amplifiée depuis 15 jours. En cause, un clip tourné par des acteurs brésiliens célèbres où ils se montrent farouchement opposés au projet…mais aussi largement désinformés.
A l’origine du clip se trouve l’association Gota d’Agua (Goutte d’eau) qui a déjà récolté 1,2 million de signatures en faveur de l’annulation du projet. Leur idée est d’ "engager la société dans le débat sur les grandes causes". Et Belo Monte serait seulement la première d'entre elles.
Le problème est que le clip ne laisse pas vraiment de place au débat. Le ton est résolument opposé au projet. C’est pourquoi nous avons demandé à 4 spécialistes de répondre aux 8 principales questions soulevées par les artistes. Voici leurs réponses :
1. Belo Monte sera la troisième plus grande usine du genre dans le monde, mais n'utiliserait qu'un tiers de sa capacité?
Aucune centrale hydroélectrique au monde n’utilise 100% de sa capacité. Avec une capacité de 41%, Belo Monte aura un taux d’utilisation supérieur à la plupart des centrales américaines et européennes. Creuser un réservoir supplémentaire aurait été nécessaire pour obtenir un rendement supérieur, mais la possibilité a été écartée pour préserver l’environnement.
2. L’usine va coûter 30 milliards de R$ [12,5 milliards d’euros]. Dont 80% de la poche du contribuable?
Les chiffres varient mais ce qui est certain c’est que le coût de l’énergie sera très faible, de l’ordre de 78R$ [32 euros] le MWh, et les investisseurs, qu’ils soient publics ou privés, bénéficieront d’un retour sur investissement.
3. La région subira-t-elle une sécheresse pendant 8 mois de l’année?
L’usine opèrera en capacité totale 4 mois par an mais ne s’arrêtera pas pour autant le reste de l’année. La capacité moyenne annuelle sera de 4571 MW. La licence environnementale prévoit un débit minimum de 700 m3 par seconde dans la région de Volta Grande do Xingu, la plus critique, soit proche du débit actuel du fleuve.
4. Ce projet va-t-il inonder et détruire près de 640 km2 de forêt?
Toute centrale hydroélectrique inonde de grandes surfaces. Mais les autres options - thermiques à charbon, nucléaire ou gaz – sont-elles meilleures ? La surface inondée sera de 503 km2 mais 228 km2 font partie du propre lit du fleuve. La majeure partie restante a déjà été détruite par la déforestation et l’élevage. De plus, en bordure du fleuve, 280 km2 de "Surface de Préservation Permanente" seront replantés.
5. L’énergie hydroélectrique est-elle vraiment propre?
Malheureusement, aucune source d’énergie n’est complètement propre. Mais peut-on se passer de télévision ou de climatisation ? Les impacts d’une centrale hydroélectrique sont bien moindres que ceux d’une centrale thermique, par exemple. En Europe, il y a déjà des critiques sur les méfaits des éoliennes…
6. Peut-on vivre uniquement de l’éolien et du solaire?
Ce n’est pas réaliste. C’est arithmétiquement indéfendable aujourd’hui. L’énergie solaire coûte très cher. L’éolien va prendre de l’importance mais son système devra être amélioré. Aucun pays au monde ne fonctionne qu’avec du solaire et de l’éolien. Ce sont des énergies complémentaires. L’éolien est un parfait complément aux centrales hydroélectriques au Brésil.
7. Des dizaines de centrales hydroélectriques vont-elles être construites en Amazonie?
18 d’ici 2020. Certaines sont déjà prêtes. Mais c’est plutôt le type d’usine qui importe. Certaines sont inefficaces d’un point de vue énergétique et agressent l’environnement. Belo Monte est une centrale à fleur d’eau, sans réservoir.
8. Où vont être envoyés les Indiens riverains?
Aucun village indien ne sera inondé. Cependant 3 terres indigènes seront touchées par une sécheresse profonde. Aucun Indien ne sera déplacé et le débit minimum du fleuve sera maintenu. Nous sommes dans une région pauvre. Pour la première fois en 35 ans, le gouvernement va profiter d’un grand projet pour mener une réelle politique sociale. C’est une chance unique pour le développement de la région. Ainsi, 4300 familles vivant dans des conditions précaires seront relogées à leur avantage.