La mode éthique, c’est bien joli mais qu’est-ce que c’est ? Les créateurs néo-zélandais réunis à Auckland pour la ‘Semaine de la mode éthique’ font de leur mieux pour démontrer que …
Qu'est-ce que la mode éthique?
La mode éthique, c’est bien joli mais qu’est-ce que c’est ? Les créateurs néo-zélandais réunis à Auckland pour la 'Semaine de la mode éthique' font de leur mieux pour démontrer que la mode n’est pas que superficielle.
La mode respectueuse de l’environnement, tout le monde en parle mais qui peut vraiment expliquer ce que c’est ? Après une semaine passée auprès des créateurs de Gucci ou Oscar de la Renta, la journaliste mode du Financial Time Vanessa Friedman le confirme :
Personne ne sait!
Pour elle, c’est surtout une réaction défensive face à l’image futile de l’industrie de la mode, mais le tout manque de certitude, les différentes enseignes préférant faire profil bas tant qu’elles ne sont pas absolument certaines de faire ce qu’il faut. De ce fait, en Nouvelle-Zélande comme ailleurs, le concept reste à définir, allant pour le moment de la tendance 'design zéro gaspillage' à un petit groupe de vieilles dames se regroupant pour faire de la broderie. Cependant, en observant la semaine de la mode en Nouvelle-Zélande, on peut discerner plusieurs lignes directrices à ce phénomène.
Les bases de la garde-robe
Bien que la mode s’appuie sur le désir continu de la nouveauté chez les consommateurs, les créateurs font leur fonds de commerce de ces 'indémodables', plus chers mais amortis sur plusieurs saisons. C’est la longévité de la qualité contre le gaspillage du momentané.
Utilisation de matériaux écolos
C’est la grande tendance du mouvement. S’assurer que le tissu est teint sans trop de produits nocifs ou que les moutons fournissant la laine sont bien traités change vraiment la manière dont on pense et regarde le vêtement. Le défi du 100% écolo n’est pas une mince affaire, et c’est là toute la beauté du geste. Peu importe l’ampleur, toute action faite en faveur de l’environnement dans cette voie mérite d’être reconnue.
Cette semaine, certains créateurs ont su faire remarquer leurs efforts, que ce soit le coton ou la laine mérinos produits dans les conditions idéales pour l’environnement, ou bien l’utilisation de véhicules peu polluants pour leurs allers et venues pendant la semaine de défilés.
Vive le recyclage
A défaut de pouvoir utiliser des tissus verts, on peut toujours recycler. Cependant, en Nouvelle-Zélande, c’est assez difficile de trouver des tissus recyclés à moins de les importer, avec un coût en crédits carbone pour le transport en avion. Mais les stylistes sont les mieux placés pour trouver des vêtements à travailler et réinventer, et certains d’entre eux ont montré tout leur talent dans ce domaine cette semaine, comme Starfish, Nom*D et Zambesi, tous trois Néo-zélandais. D’autres attendent le spectacle WoW (World of Wearable Art, le monde de l’Art-Mode) pour voir leur génie du recyclage triompher.
D’ailleurs, tout vêtement est recyclable, grâce aux collecteurs de vêtements (selon le même principe que les poubelles collectives à plastique ou à verre), dont le contenu est redistribué à des œuvres de charité.
Et si on laisse place aux designers Kate Sylvester ou Starfish, le recyclage dépasse le tissu, on recycle les papiers au bureau, les cintres et les sacs à l’enseigne de la marque.
Vintage
C’est peut-être l’activité écolo la plus largement répandue et accessible. Les magasins de vêtements d’occasions se multiplient et ne sont désormais plus synonymes de poussière et mauvaises odeurs, mais plutôt de bonne action et de petits trésors.
Durabilité artisanale
C’est là que nos brodeuses et autres 'petits artisans' entrent en scène. Cet aspect de la mode écolo défend la fabrication 'à l’ancienne', qui fait survivre de petites entreprises et préserve les traditions et les emplois, tout en luttant contre la mondialisation (qui encourage à la fabrication de masse des vêtements par des ouvriers sous-payés dans des conditions de travail peu humaines).
Production locale
C’est dans ce domaine que la Nouvelle-Zélande sort du lot. Aussi bien intentionné qu’on soit, il devient vite tentant de délocaliser pour pouvoir produire plus à moindre coûts. Mais les designers locaux se sont fermement engagés à ne pas céder à la tentation et gardent leur production dans le pays, bien que les ressources soient parfois dures à trouver. Attention cependant à ne pas se laisser berner : ce n’est pas parce que c’est produit localement que c’est bon pour l’environnement même si cela permet de garder un œil sur les coûts liés au transport. Mais les recherches montrent depuis plusieurs années déjà que les compagnies peu regardantes sur leur empreinte carbone perdent rapidement les faveurs du public.
Commerce équitable
Faire profiter les communautés en difficulté des bénéfices réalisés par l’industrie multimillionnaire de la mode, grâce à l’organisation d’accords commerciaux est également une tendance à la hausse chez les designers et rappellent aux consommateurs l’impact que peuvent avoir leurs achats.
Bien sûr, tous ces gestes et principes n’affectent pas l’environnement, ou seulement très peu, mais ils contribuent à un comportement plus raisonnable et bénéfique envers les populations en difficulté. En Nouvelle-Zélande, l'intérêt est croissant pour la production éthique, et les designers se doivent de jouer de plus en plus la transparence sur leurs ressources et leurs modes de production.