Dix ans après le 11 septembre 2001, des représentants, auteurs, chercheurs et érudits des grands cultes internationaux se sont réunis à Montréal le 7 septembre dernier dans le cadre de la 2ème Conférence mondiale sur les religions du monde.
Quand les religions se rassemblent pour la paix et le développement durable
Dix ans après le 11 septembre 2001, des représentants, auteurs, chercheurs et érudits des grands cultes internationaux se sont réunis à Montréal le 7 septembre dernier dans le cadre de la 2ème Conférence mondiale sur les religions du monde. Le dalaï-lama, entouré d’experts de confessions musulmane, juive, chrétienne, hindouiste et bouddhiste, a tenu un discours de compassion, de tolérance et de réconciliation. Un message qui a aussi embrassé les préoccupations environnementales.
Paix et religions du monde
Organisée le 7 septembre 2011 par l’université McGill, en collaboration avec l’université de Montréal, cette seconde Conférence mondiale sur les religions du monde a convié les leaders religieux et intellectuels, ainsi que le grand public, à discuter du rôle de la religion dans la construction de la paix.
La conférence réunissait entre autres Deepak Chopra, médecin et auteur indien reconnu ; Robert Thurman, professeur en études indo-tibétaines à l'université Columbia ; Steven Katz, professeur de religion à l'université de Boston et directeur du Elie Wiesel Center for Judaic Studies ; Gregory Baum, professeur à la faculté d’études religieuses de l'université McGill ; et Tariq Ramadan, professeur d’études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford.
Le chef spirituel tibétain a attiré l'attention en rappelant que toutes les religions poursuivaient le même but : "Elles portent toute un message moral, éthique, de respect et d’amour. S’il est normal que des personnes différentes aient une opinion différente sur un sujet, il est donc bien normal qu’il existe des traditions religieuses différentes. L’essentiel étant que chacun trouve celle qui lui convient le mieux. Chacune est différente dans son approche mais le but est le même. Toutes les religions pourraient fonctionner ensemble sans nécessairement fusionner."
Le dalaï-lama a tenu un discours rassembleur, expliquant notamment l’importance de ne pas condamner la religion musulmane malgré les attentats terroristes survenus 10 ans plutôt aux États-Unis :
Si vous critiquez l'islam en raison des gestes posés par une poignée de musulmans, il vous faudra aussi, en toute logique, dénoncer toutes les religions.
Les religions et la construction d’un monde durable
Les préoccupations environnementales ne semblent pas échapper aux sphères religieuses compte tenu des nombreuses questions posées par l’assistance à ce sujet. Le dalaï-lama a souligné, non sans humour "qu'une erreur politique peut être changée alors que d’autres non. Comme le réchauffement de la planète, le problème de l’eau... Prendre soin de notre terre est essentiel. Nous pouvons bien avoir envie de créer des technologies pour explorer d’autres planètes et voir si elles seraient viables pour l’être humain. Mais pour le moment nous n’en avons qu’une seule. Une seule planète bleue comme domicile. (...) Elle est l’unique espoir qu’il nous reste."
Puis il a ajouté avec sagesse notre habileté à réagir rapidement aux situations d’urgences visibles mais non pas à celle que l’œil ne voit pas :
Regardez le tsunami, le désastre que cela a causé. Immédiatement on réagit. On réagit sur ce que l’on voit. Les changements climatiques sont presque invisibles mais à plus long termes, ils sont très dangereux. Quand nos enfants se mettront à tousser, il sera peut-être trop tard. Nous devrons donc être très conscients de notre environnement et il doit faire parti de notre quotidien. Par exemple, je ne prends pas de bain mais des douches car apparemment cela consomme plus d’eau. Aussitôt que je quitte une salle, j’éteins la lumière. Cela fait partie de mes petites contributions personnelles. Ensuite il faut continuer à éduquer encore plus les individus.
Robert Thurman ajoute à cela que les leaders religieux doivent se mobiliser et donner l’exemple pour les gestes importants à poser pour l’environnement : "Avec le développement durable, il faut mobiliser les religions. Si dans les temples et dans tous les lieux de prière du monde, chacun disait "ramassez vos ordures...", les gens écouteraient."
Mais un peu à l'image de la paix, le développement durable et la protection de notre planète n’arriveront pas simplement avec la prière, mais aussi en posant des gestes réels et constructifs. Tarik Ramadan a ainsi déclaré :
Notre paix intérieur nous permettra de respecter l’extérieur, l’environnement. Respecter la nature doit faire partie de la dignité humaine.
Christine Lacaze