Malgré une loi ambitieuse censée garantir la gestion durable des forêts, la frontière agricole continue de se déplacer, pour faire place souvent à des champs de soja. Ce phénomène représente désormais la principale cause de déforestation en Argentine.
Quand le soja OGM fait reculer la forêt
Malgré une loi ambitieuse censée garantir la gestion durable des forêts, la frontière agricole continue de se déplacer, pour faire place le plus souvent à des champs de soja. Ce phénomène touche plusieurs pays et représente désormais la principale cause de déforestation en Argentine.
La forêt dévorée
Alors que 2011 a été déclarée "Année internationale des forêts", Eduardo Rojas Briales, responsable des forêts à la FAO, n’hésite pas à qualifier l’Argentine de point névralgique au niveau mondial en matière déforestation.
Même bilan pour Hernán Giardini, coordinateur argentin de la campagne pour la biodiversité de Greenpeace, qui affirme que
Les forêts d’Argentine sont en état d’urgence depuis 15 ans.
Tandis que les cultures et l’élevage gagnent du terrain, le centre et le nord du pays voient disparaître peu à peu deux de leurs écosystèmes les plus menacés : la forêt sèche du Chaco et les Yungas (les forêts tropicales de montagne).
L’Argentine a perdu 70% de ses forêts primaires originelles, celles-ci couvrent aujourd’hui 31 millions d’hectares. Au cours des 10 dernières années, nous avons perdu 2,5 millions d’hectares, principalement destinés au soja transgénique et, à moindre échelle, à l’élevage
, explique le militant écologiste.
Premiers résultats
Greenpeace Argentine a mené pendant 12 ans une campagne en faveur d’une loi sur les forêts, finalement entrée en vigueur en février 2009. L’ONG reconnaît qu’il s’agit d’une avancée sans précédent au niveau environnemental en Argentine, qui démontre clairement l’importance de la participation de la société civile : Greenpeace a en effet dû réunir plus d’un million et demi de signatures avant que le texte ne soit adopté au parlement.
La "Loi des forêts" permet aux scientifiques, aux écologistes, aux communautés autochtones et au secteur privé d’analyser ensemble la situation des forêts et a fait baisser de 40% le rythme de la déforestation en Argentine. Chaque gouvernement provincial est désormais tenu de déterminer quelles sont les zones qui seront totalement protégées, quelles sont celles qui pourront être exploitées de manière durable, ainsi que celles où un certain niveau de déboisement sera autorisé.
Soja et huile de palme pour carburants pas si "bio"
Selon les derniers chiffres de l’Institut National de Technologie Agricole (INTA), l’Argentine est devenue l’un des principaux exportateurs mondiaux de biocarburants. Elle est également le plus grand fournisseur d’huile de soja de la planète, avec une production estimée à 3,2 millions de tonnes pour 2011, soit 60% de plus qu’en 2010.
Ces chiffres peuvent sembler positifs à première vue, mais Hernán Giardini explique qu’ils illustrent en fait le principal problème auquel sont confrontées les forêts du Brésil, d’Argentine, du Paraguay et de Bolivie. Selon lui, une grande partie des 13 millions d’hectares de forêt qui disparaissent chaque année à travers le monde sont détruits pour permettre la culture de deux aliments : le soja ou l'huile de palme.