Aux États-Unis, des nutritionnistes s’érigent contre l’influence des l’industrie sur leur travail. Ils se plaignent que de nombreux séminaires et formations soient parrainés par les géants alimentaires. Gros plan.
Protestation des nutritionnistes américains contre l’influence de l’industrie sur leur travail
Aux États-Unis, des nutritionnistes s’érigent contre l’influence de l’industrie sur leur travail. Ils se plaignent que de nombreux séminaires et formations soient parrainés par les géants alimentaires. Gros plan.
Mécontentement des diététiciens
Les diététiciens ne sont généralement pas un groupe controversé. Le message «Mange tes légumes » n'est certainement pas source de beaucoup de controverse. Car oui, en effet, nous devrions tous manger nos légumes.
Mais un groupe de diététiciens un brin tapageur utilise Facebook pour protester contre ce qu'ils considèrent comme une capitulation face à la « Big Food » par l’Academy of Nutrition and Dietetics, anciennement connue sous le nom de l'American Dietetic Association. La page Facebook, Dietitians for Professional Integrity (Les diététiciens à l'intégrité professionnelle), a recueilli près de 2300 « j’aime ». Certes, c'est peu comparativement aux 73 000 membres de l'ordre, mais le site existe seulement depuis quelques semaines.
Leur plainte ? Que les événements de l’Academy of Nutrition and Dietetics, y compris les réunions annuelles et les séminaires de formation, sont parrainés – voire co-optés comme certains disent - par les géants de l’alimentation tels que ConAgra, Coca-Cola, Mars International, Hershey Center pour la santé et de la nutrition ou encore Kellogg's.
Ils se disent en désaccord avec ce principe parce que la plupart de ces sociétés ont fait fortune par la vente d'aliments riches en matières grasses, sel, glucides, sucre et sirop de maïs, riche en fructose.
« Lorsque vous arrivez dans une conférence de l’Academy of Nutrition and Dietetics, il est ridicule de voir des publicités et du matériel marketing de ces entreprises», explique Andy Bellatti, l'une des 16 diététiciennes à avoir lancé cette page. « C'est un énorme conflit d'intérêt. »
Des associations aberrantes
Ils se demandent, par exemple, comment le Beverage Institute for Health & Wellness, faisant partie du groupe Coca-Cola, est autorisé à parrainer des classes traitant « des légendes urbaines » sur les effets du sucre et les édulcorants artificiels sur la santé des enfants.
Ou comment le National Dairy Council peut parrainer un séminaire au cours duquel les intervenants suggèrent que les personnes intolérantes au lactose doivent quand même consommer des produits laitiers car ils sont connus comme une bonne source d'éléments nutritifs.
Ou encore, comment la Corn Refiners Association, qui prône le sirop de maïs à haute teneur en fructose, a été autorisé à parrainer trois séances lors de l'assemblée annuelle de l’Academy of Nutrition and Dietetics.
Mais leurs mécontentements dépassent les parrainages. Ils critiquent également l’académie pour ses décisions politiques telles que l’absence de soutien au maire de New York, Michael Bloomberg, dans sa décision d’interdire la vente de boissons gazeuses XXL. Ils craignent que la relation commerciale entre l’organisme et Coca-Cola ou PepsiCo devance les préoccupations de santé publique.
L’ordre se défend
Pour sa part, l’Academy of Nutrition and Dietetics défend ces partenariats, notant que les relations sont entièrement transparentes et que les politiques de l'organisation sont fondées sur «ce que dit la science » déclare Angela Lemond, porte-parole.
Selon elle, la science ne soutient pas l'interdiction des boissons XXL.
« Nous avons demandé au gouvernement fédéral d'étudier les effets de ces boissons sucrées, et tant que nous n'aurons pas de preuves scientifiques suffisantes nous ne prendrons pas position», dit-elle. «Sans ces études, nous ne pouvons pas savoir si une telle interdiction va vraiment aider les Américains. »
De plus, elle ajoute qu’en travaillant avec ces entreprises, cela permet à l’Académie de les aider à développer des aliments plus sains.
Enfin, l’association affirme que les programmes de parrainage avec ces entreprises comptent pour moins de 9% dans son budget annuel. Ce qui semble un bien petit budget à payer pour protéger la réputation de l'association.