Les habitants de 96 communes de l'Eure (Normandie) verront leur facture d'eau augmenter à partir du 1er avril 2024 en vue de moderniser le réseau du département. Une problématique qui s'étend à l'échelle nationale.
Eau polluée : l'Eure vote une augmentation du prix du mètre cube
Le Syndicat d'eau du Roumois et du plateau du Neubourg (SERPN) a voté, le 22 février 2024, une augmentation de +60% du prix de l'eau, cette dernière sera effective dès le 1ᵉʳ avril. Cette mesure affectera directement 32.000 abonnés répartis dans 96 communes de l'Eure. Le prix du mètre cube passera ainsi de 1,70 euro à 2,40 euros hors taxes. Les abonnements annuels ne seront pas épargnés, ils passeront de 45 à 115 euros pour les contrats de base, et de 1.000 à 2.450 euros pour les contrats les plus élevés.
Julie Leboulenger, directrice technique au SERPN, justifie cette mesure drastique par la nécessité de répondre à des normes de qualité de plus en plus strictes, suite à la découverte de polluants tels que les résidus de produits phytosanitaires dans l'eau. « Pour assurer une eau potable conforme aux normes sanitaires, il est impératif de construire des stations de traitement, représentant chacune un investissement conséquent de cinq millions d'euros », explique-t-elle.
Un enjeu national
La gestion de l'eau, sa purification et sa distribution constituent des défis majeurs pour l'ensemble des collectivités. Christophe Lime, président de France Eau Publique avait mis en avant l'urgence de la situation : « Nous sommes confrontés à des défis considérables qui nécessitent des investissements majeurs pour garantir une eau potable saine. Il est vital d'impliquer financièrement les pollueurs dans ce processus pour alléger le fardeau sur les consommateurs finaux. » En plus de la pollution, les investissements dans les infrastructures françaises permettraient de drastiquement réduire notre consommation. Et pour cause, les pertes dues aux fuites d'eau représenteraient à elles seules près de 20% de la consommation totale française.
Parallèlement, la réutilisation des eaux usées traitées (Reut) se profile comme une solution d'avenir pour optimiser la gestion de l'eau. En effet, actuellement, moins de 1% des eaux usées en France sont traitées pour être réutilisées, un taux qui pourrait augmenter si les barrières réglementaires et les perceptions négatives évoluent. Un rapport de 2015 de la Cour des comptes française estimait que l'entretien et le renouvellement des réseaux d'eau potable nécessitaient un investissement d'environ 2 milliards d'euros par an à l'échelle du pays. Les collectivités faisant face à ce mur d'investissement, les Français doivent se préparer à devoir participer à la modernisation du réseau français.