Depuis le début du printemps 2024, la France connaît une météo particulièrement maussade, marquée par des pluies fréquentes, des orages et un manque d’ensoleillement. Ce phénomène, bien que surprenant pour beaucoup, s’explique par des mécanismes climatiques spécifiques.
Printemps 2024 : pourquoi la France vit-elle sous la pluie ?
Une pluie incessante et un ensoleillement déficitaire
Le printemps 2024 est l'un des plus pluvieux des dernières décennies. Selon Cyrille Duchesne, météorologue à La Chaîne Météo, « ce mois de mai 2024 sera classé parmi les plus arrosés et les moins ensoleillés des 30 dernières années ». Avec un excédent pluviométrique de 79 % sur les deux premières décades, il faut remonter à mai 2013 pour retrouver un mois de mai aussi pluvieux. Des villes comme Nancy et Strasbourg ont enregistré des cumuls de pluie impressionnants, respectivement 142 mm (+215 % par rapport à la normale) et 129 mm.
Les longues journées ensoleillées sont rares ce printemps. Le soleil, souvent contrarié par d'importants passages nuageux, a été déficitaire de 17 % entre le 1er et le 20 mai. Bourg-Saint-Maurice, Pau et Clermont-Ferrand figurent parmi les villes les moins ensoleillées, avec des déficits allant jusqu'à 30 %.
Les causes climatiques de cette météo perturbée
On aurait pourtant cru que le réchauffement climatique interdirait de tels épisodes de grisaille et nous permettrait, en mai, de faire ce qu'il nous plaît. Il se trouve que selon certains experts, une météo instable n'est pas forcément incompatible avec le réchauffement climatique. Selon le climatologue Robert Vautard, la formule de Clausius-Clapeyron explique ce phénomène : « À l’augmentation de température de 1°C correspond une augmentation de l’humidité de l’atmosphère de 7 % ». Cela signifie que plus l'atmosphère se réchauffe, plus elle contient de vapeur d'eau, augmentant ainsi les précipitations lorsque cette vapeur se condense.
En effet, quand l'eau est gelée, elle ne coule pas. Lorsque la température se réchauffe, il peut pleuvoir. C'est ainsi que les précipitations sont rarissimes dans les régions les plus froides du Canada. Cette année, les dépressions et les gouttes froides, des poches d'air froid en altitude, se sont régénérées sur l'Europe de l'Ouest et la France, apportant des pluies presque quotidiennes. Ces conditions rendent les prévisions météo compliquées en raison des variations locales importantes des cumuls de pluie.
Conséquences pour l'agriculture et les perspectives futures
Si le temps morne a des effets sur notre moral et notre coiffure, il ne faut pas tout voir en noir. Les fortes précipitations peuvent avoir des effets bénéfiques sur l'agriculture, puisqu'elles permettent de recharger les nappes phréatiques, assurant une meilleure disponibilité en eau pour les cultures. On ne craint donc pas trop la sécheresse de l'été, qui entraîne de nombreux incendies, notamment en montagne, depuis les dernières années. Cependant, des pluies excessives peuvent entraîner des inondations, endommager les cultures et retarder les semis.
Les experts s'attendent à ce que ces conditions météorologiques extrêmes deviennent plus fréquentes, avec des épisodes de pluie au printemps et des périodes de sécheresse estivale. Cette variabilité accrue nécessite des adaptations tant pour l'agriculture que pour la gestion urbaine des eaux pluviales.