Pourquoi garder les mangeoires au printemps menace les oiseaux

Chaque hiver, c’est un réflexe quasi automatique : on installe des mangeoires dans son jardin, sur un balcon, parfois même à la fenêtre. Il faut dire que voir ces mésanges, moineaux ou rouge-gorges picorer sous nos yeux procure une forme de satisfaction douce, presque émotive. Et pour cause : quand les températures chutent et que les ressources se raréfient, offrir des graines devient un soutien vital. Mais voilà, ce qui sauve en janvier peut tuer en avril.

Par Stéphanie Haerts Publié le 4 avril 2025 à 18 h 55
Pourquoi garder les mangeoires au printemps menace les oiseaux

Une fois les premiers bourgeons apparus et les insectes de retour, les oiseaux entrent dans une phase biologique critique : la reproduction. Leur alimentation change, elle aussi. Les adultes n’ont plus seulement besoin d’énergie, mais leurs petits, eux, exigent un régime à haute teneur en protéines. Insectes, chenilles, larves… voilà ce dont les oisillons ont besoin. Les graines riches en graisse, vestiges du froid hivernal, ne font que saturer leur organisme sans le nourrir convenablement.

« Dès la mi-février, il faut commencer à retirer les mangeoires »

C’est la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) qui le martèle depuis plusieurs années. Dans une recommandation explicite relayée dans Mon Jardin & ma Maison, l'association conseille de réduire le nourrissage dès la mi-février, pour l’arrêter complètement à la fin du mois de mars. Un sevrage progressif, sur environ une semaine, est recommandé pour que les oiseaux réapprennent à chercher leur nourriture naturelle.

Car oui, en plus d’être déséquilibrant sur le plan nutritif, le maintien des mangeoires rend les oiseaux dépendants. Et cette dépendance, une fois la belle saison installée, devient un piège : ils s’éloignent de leur régime instinctif, perdent du temps précieux qu’ils devraient consacrer à la chasse d’insectes. Pire encore : les jeunes nourris aux graines risquent de souffrir de malformations ou d’un développement musculaire incomplet.

Un danger invisible : la maladie

Il y a l’effet direct du contenu des mangeoires. Mais il y a aussi ce que leur simple présence provoque : des rassemblements d’oiseaux. Or, comme pour les humains, plus il y a de proximité, plus les risques de contamination explosent.

Dans une publication officielle sur son site, la LPO alerte : « Lorsque l’eau (pluie ou lors de période de gel et dégel) stagne dans ces mangeoires, la contamination et prolifération des maladies est très importante. » Salmonellose, trichomonose, coryza… Ces noms évoquent des infections aussi dangereuses que facilement transmissibles. Au printemps, ces pathologies prolifèrent dans les mangeoires mal entretenues, et une épidémie locale peut décimer une population en quelques jours. Le plus ironique ? Ces rassemblements sont provoqués par une volonté humaine de "bien faire".

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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