En 2022, un triste record a été atteint : la production mondiale de déchets électroniques a explosé, dépassant les 62 millions de tonnes, selon le rapport de l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Ces chiffres inquiétants sonnent l'alarme, surtout lorsqu'on constate que le taux de recyclage ne parvient pas à suivre cette croissance fulgurante.
82 millions de tonnes de déchets électroniques mondiaux d'ici à 2030
Le rapport de l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et de l’Union internationale des télécommunications (UIT), publié le 20 mars 2024, révèle une croissance alarmante de la production mondiale de déchets électroniques, qui a augmenté de 82 % depuis 2010, atteignant 62 millions de tonnes en 2022. Autre chiffre encore plus alarmant, selon les projections des deux institutions, la production de e-déchets pourrait passer le cap des 80 millions de tonnes d'ici à 2030.
Or la moitié des déchets mondiaux est composée de métaux spéciaux tels que le cuivre, l'or et le fer, et qu'ils représentent une valeur totale estimée à 91 milliards de dollars rappellent l'UNITAR et l'UIT. Avec un objectif mondial de 60 % de recyclage, ce ne sont pas moins de 68 milliards de dollars qui pourraient être économisés à l'échelle globale. Les pays n'ont de ce fait aucune raison de ne pas s'engager dans cette voie, au contraire, ils ont tout à y gagner.
Recyclage : « le statu quo ne peut pas continuer »
L'impact des déchets électroniques sur l'environnement, la faune et les populations est catastrophique. Contenant des additifs toxiques ou des substances dangereuses telles que le mercure, ces déchets présentent des risques importants pour la santé et l'environnement. Le rapport d'UNITAR et de l'UIT met en lumière que seulement 22 % de la masse des déchets électroniques ont été correctement collectés et recyclés en 2022, un chiffre qui devrait tomber à 20 % d’ici la fin de la décennie. La situation est particulièrement critique dans les pays en développement, où les infrastructures de recyclage font cruellement défaut. En Afrique, les taux de recyclage et de collecte ne dépassent pas 1 %. À titre de comparaison, celui-ci est de 40% en Europe. Un chiffre toutefois à remettre en perspective puisque les européennes produisent en moyenne 18 kilos de e-déchets par an, soit 7 fois plus que les Africains.
Le rapport des Nations Unies appelle à une action immédiate pour inverser cette tendance alarmante. Seuls 81 pays dans le monde ont mis en place un cadre législatif sur le traitement des e-déchets, souligne Kees Baldé, l’auteur principal du rapport, insistant fermement sur le fait que « le statu quo ne peut pas continuer ».Et ce, d'autant plus du fait que les e-déchets exposent la faune, la flore et les populations à des substances toxiques, comme le mercure notamment, en raison de leurs composants. Il est plus qu'urgent que l'ensemble des pays se saisissent de cette problématique, qu'ils développent des infrastructures de recyclage, qu'ils promeuvent la réparation et la réutilisation de nos appareils électroniques, et qu'ils s'engagent à lutter contre les envois illégaux de déchets électroniques, notamment vers les pays en développement.