La dépollution des « polluants éternels » tels que les PFAS représente un défi majeur pour l’Europe. Selon une enquête publiée ce mardi 14 janvier 2024 dans Le Monde, éradiquer ces substances chimiques des sols et des eaux européennes pourrait coûter entre 95 et 2 000 milliards d’euros sur vingt ans.
Eliminer les polluants éternels : un coût exorbitant pour l’Europe
Par Stéphanie Haerts
Modifié le 14 janvier 2025 à 17 h 56
Les coûts astronomiques de la dépollution
La lutte contre les PFAS, des substances per- et polyfluoroalkylés utilisées pour leurs propriétés résistantes, représente une charge financière massive. Selon l'enquête publiée par Le Monde, la facture pourrait s'élever à 100 milliards d'euros par an dans le scénario le plus pessimiste. Ces coûts, qui dépassent la moitié du budget annuel de l'Union européenne, mettent en lumière l'ampleur de l'effort requis.
La fourchette haute « est fort probablement la plus réaliste » indique le quotidien. Outre les dépenses directes, les impacts des PFAS sur la santé publique et l'environnement entraînent des coûts supplémentaires difficiles à quantifier. Ces "externalités négatives", incluant les effets sur la santé humaine et la biodiversité, accentuent le besoin urgent d'actions coordonnées au niveau européen.
Des risques pour la santé humaine
En 2023, une enquête initiale a identifié plus de 23 000 lieux contaminés en Europe par ces composés chimiques appréciés pour leurs qualités antiadhésives, hydrofuges et résistantes aux taches. Les PFAS sont liés à de nombreuses maladies graves telles que le cancer, l'infertilité et divers problèmes de santé comme la toxicité rénale et hépatique. Leur capacité à s'accumuler dans l'environnement et le corps humain rend leur impact particulièrement pernicieux.
La priorisation de la santé publique est capitale. La nécessité de réduire la présence de PFAS dans l'environnement est claire, mais la mise en œuvre de solutions efficaces reste complexe, nécessitant des investissements substantiels dans la recherche et les technologies de dépollution.
Les technologies pour réduire les PFAS
Certaines des techniques avancées pour filtrer les PFAS de l'eau sont extrêmement onéreuses, consommant beaucoup d'eau et d'énergie. Les méthodes conventionnelles, comme l'incinération, s'avèrent insuffisantes pour éliminer ces substances des déchets ménagers.
Le processus de décontamination pose également un immense défi logistique. Sans un plan coordonné à l'échelle européenne, les efforts restent disparates et souvent insuffisants, chaque pays agissant en fonction de ses propres directives. « Restreindre les émissions de Pfas pour arrêter de faire grimper l’addition s’impose», souligne l’article.
La nécessité d'une régulation stricte
Face à des coûts si élevés et des enjeux si importants, la limitation des émissions de PFAS apparaît comme une mesure essentielle. L'adoption du principe du pollueur-payeur pourrait atténuer la charge financière, mais la mise en œuvre reste complexe.
Des pays comme l'Allemagne, le Danemark, et la Norvège ont déjà proposé des interdictions. Cependant, ces initiatives sont menacées par une intense campagne de lobbying. La lutte pour une politique européenne unifiée est essentielle pour réduire efficacement la présence de PFAS et leurs impacts associés.