L’Union Européenne souhaite que 10% des combustibles utilisés dans le transport proviennent de sources renouvelables. Des voix se lèvent contre cet objectif, qui pourrait causer plus de mal que de bien …
Polémique autour des biocombustibles en Europe
L’Union Européenne cherche à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à 2020. Elle souhaite que 10% des combustibles utilisés dans le transport proviennent de sources renouvelables. Des voix se lèvent contre cet objectif. Il pourrait causer plus de mal que de bien en ouvrant le marché à des combustibles qui ne sont pas si ‘propres’. Le débat prend une tournure officielle.
Connie Hedegaard, commissaire de l’Union Européenne en charge du climat, s'inquiète de la croissance de la consommation de biocombustibles.
C’est très bien de voir le potentiel des nouvelles technologies. Mais nous devons faire attention à ne pas favoriser un nouveau secteur, pour se dire quelques temps après: ceci n’est pas bon.
Actuellement, l’utilisation de biocombustibles en Europe représente 4,7% de la demande totale.
Connie explique qu’à l’époque où a été élaborée la politique de soutien aux biocombustibles, la connaissance et la science n’étaient pas aussi avancées. Aujourd’hui, réussir à déterminer les facteurs d’impact indirects sur l’utilisation de la terre est devenu un enjeu polémique majeur. La Commission Européenne finalise d’ailleurs une évaluation sur les effets négatifs potentiels des biocarburants sur le climat. La publication est prévue pour le premier semestre 2012.
Une empreinte carbone supérieure aux combustibles fossiles
Certaines conclusions ont déjà filtré et indiquent que l'empreinte carbone des biocombustibles provenant de l’huile de palme, du soja et du colza peuvent dépasser celles de combustibles fossiles. L'extension de ces cultures étant cause de déforestation.
Pour comparaison, le pétrole retiré des sables bitumineux libère 107 grammes d’équivalent CO2 par mégajoule de combustible, l’huile de palme en libère 105g, le soja 103g, le colza 95g et le tournesol 86g. L'impact de la canne-à-sucre serait bien inférieur, avec environ 36g.
Un coût économique élevé
D’après deux rapports des ONG Friends of the Earth (FOE) et ActionAid, l’objectif de 10% de renouvelables dans les transports engendrera un surplus de coût du combustible estimé entre 94 entre 126 milliards € d’ici 2020.
Les consommateurs et les contribuables payent plus cher pour une politique peu bénéfique pour l’environnement, en plus de générer de la faim et de la pauvreté.
commente Robbie Blake, activiste de FOE Europe. Il ajoute:
L’Europe doit abandonner cet objectif et arrêter ses subventions aux biocombustibles. Il faut les remplacer par des politiques plus efficaces, qui réduisent réellement les émissions des transports et ne détruisent pas l’environnement.
Une production qui affame les populations
Deux rapports sur la faim dans le monde (dont un de la FAO), rendus publics en octobre 2011, accusent la production agricole des biocombustibles d’être un facteur de l'instabilité internationale du prix des aliments, entrainant des famines, notamment en Éthiopie et en Somalie.
Une solution serait de certifier les producteurs, comme cela a été fait pour les pesticides. L’Union Européenne a approuvé, en juillet 2011, sept projets de certification des biocarburants. Pour être éligible, ils devraient émettre 35% de gaz à effet de serre en moins que le pétrole, puis 60% en 2018.
La certification au secours des biocarburants
Parmi ces certifications, ‘Bonsucro’ et ‘Greenergy’ sont spécialisées sur les biocombustibles de canne-à-sucre du Brésil. ‘RTRS EU RED’ concerne les combustibles à base de soja d’Argentine et du Brésil. Des producteurs brésiliens travaillent déjà sur ces certifications afin de démontrer que leur combustible respecte les normes sociales et environnementales.
L’Institut brésilien, Inmetro, développe le ‘Programme Brésilien de Certification des Biocombustibles’. Basé sur des critères techniques préétablis, il évalue la qualité intrinsèque du produit et l’impact socio-environnemental du processus de production.
Via le Programme National de Production et Utilisation du Biodiesel (PNPB), le Ministère de l’Agriculture accorde le label ‘Combustible Social’. Les industriels sont obligés d'acheter un pourcentage minimum de leur matière-première auprès de structures d’agriculture familiale. En contrepartie le producteur de biodiesel bénéficie d’exonérations d’impôts, d’une participation assurée aux appels d’offre publics et de facilité de crédit auprès des banques.
Un secteur en pleine croissance au Brésil
D’après les estimations de l’Association des producteurs de biodiesel brésiliens, le Brésil a été en 2011 le premier consommateur mondial, devant l’Allemagne. Produisant et consommant 2,8 milliards de litres de biodiesel, soit 17% de plus qu’en 2010 et 200 millions de litres de plus qu’en Allemagne.
Avec les perspectives de croissance de la production et l’obligation de sécurité environnementale et énergétique, des innovations commerciales et technologiques sont fondamentales pour le secteur. Afin d'être réellement une alternative pour une économie plus propre.