PFAS : François de Rugy alerte sur une législation à contre-courant des ambitions industrielles de la France

Parue ce 31 mars 2025 dans Le Figaro, la tribune coécrite par François de Rugy, ancien président de l’Assemblée nationale et ministre de la Transition écologique, et le journaliste Laurent Lesage, interpelle frontalement le monde politique sur les conséquences industrielles de l’interdiction des PFAS.

Par La rédaction Publié le 2 avril 2025 à 10 h 00
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Ce texte s’inscrit dans un contexte particulièrement sensible : celui d’un effort national de réindustrialisation, soutenu par des milliards d’euros d’investissements publics et une volonté affichée de souveraineté économique. Pourtant, selon ses auteurs, la loi récemment adoptée par le Parlement pourrait porter un coup dur à plusieurs filières stratégiques.

Loi anti-PFAS : une loi militante ?

La critique formulée dans cette tribune repose d’abord sur la méthode législative. Les auteurs estiment que la loi anti-PFAS a été élaborée sous pression, en réponse à une campagne de mobilisation citoyenne massive orchestrée par des ONG, des personnalités médiatiques et des relais syndicaux. Cette dynamique, qualifiée de "stratégie militante", aurait produit un effet direct sur le vote des députés, confrontés à plus de 130 000 messages appelant à soutenir l’interdiction. Le problème soulevé n’est pas tant la mobilisation elle-même que l’absence de contrepoids dans le processus : pas d’étude d’impact économique, pas d’évaluation bénéfice/risque, et peu ou pas de concertation avec les représentants de l’industrie ou les experts techniques.

La tribune attire particulièrement l’attention sur le caractère global de l’interdiction. Les PFAS représentent une famille de plusieurs milliers de molécules aux propriétés variées. Certaines sont effectivement préoccupantes du point de vue sanitaire et environnemental, mais d’autres sont inertes, non toxiques, et jouent un rôle essentiel dans de nombreuses applications industrielles. C’est notamment le cas du PTFE, largement utilisé dans l’aéronautique, le médical, l’automobile, les énergies renouvelables et la fabrication d’équipements industriels à haute résistance. En effaçant cette distinction, la loi mettrait en péril, selon de Rugy et Lesage, des chaînes de production entières pour lesquelles aucune alternative immédiate ou équivalente n’existe.

La réindustrialisation de la France en péril ?

Ce risque est d’autant plus préoccupant que la France, depuis 2017, a engagé un plan ambitieux de relance industrielle. À travers le programme France 2030, l’État investit massivement dans les technologies d’avenir et la souveraineté productive. Mais pour les auteurs de la tribune, la loi anti-PFAS vient directement contrecarrer ces objectifs. Ils mettent en garde contre les effets combinés d’une réglementation unilatérale et d’un désalignement temporel avec l’Europe, qui pourrait favoriser les délocalisations vers des pays aux normes moins contraignantes ou au calendrier plus progressif.

Ce point de vue fait écho à plusieurs témoignages d’industriels évoqués dans la tribune et dans les investigations parallèles menées par Laurent Lesage. Les entreprises du textile technique, notamment, alertent sur les conséquences immédiates d’une interdiction soudaine : stocks invendables, perte de compétitivité, risque de fermetures. Dans l’industrie des biens de consommation, des groupes comme Téfal, dont l’activité repose en partie sur l’utilisation du PTFE, s’inquiètent d’un cadre réglementaire qui ciblerait des matériaux jugés sûrs par les agences sanitaires européennes et internationales.

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