Déception pour les Cubains, après les dernières prospections d’hydrocarbures, toujours infructueuses. Le pays dépend aujourd’hui de l’or noir fourni par Hugo Chavez, mais a décidé de miser sur la biomasse de canne à sucre, le solaire et l’éolien pour conquérir son indépendance énergétique.
Pas de pétrole, mais des idées pour l’énergie renouvelable
Déception pour les Cubains, après les dernières prospections d’hydrocarbures, toujours infructueuses. Le pays dépend aujourd’hui de l’or noir fourni par Hugo Chávez, mais a décidé de miser sur la biomasse de canne à sucre, le solaire et l’éolien pour conquérir son indépendance énergétique.
De la torche aux panneaux solaires
Sur le domaine de Juan Alonso, les maisons de bois ont conservé la simplicité et l’aspect traditionnel que l’on retrouve dans les campagnes cubaines. Comme leur propriétaire, âgé de 74 ans, elles n’ont pas beaucoup changé au fil du temps.
À un détail près : sur le toit des bâtiments, trônent des panneaux photovoltaïques rutilants, qui ont bouleversé la vie de Juan Alonso et de sa famille.
Le vieil homme évoque l'inconfort de décennies vécues sans électricité:
« Imaginez-vous un peu, rentrant à la maison après une longue journée de travail aux champs, lorsque vous devez tout faire à tâtons avec une lampe à gaz, et éclairer la terrasse avec une torche ».
Aujourd’hui Cuba est fière de pouvoir offrir un accès à l’électricité à de nombreuses localités isolées grâce aux énergies renouvelables.
Dans les régions rurales, on compte environ 2 000 écoles et 400 hôpitaux alimentés par des panneaux photovoltaïques.
Pourtant, ce mode de production ne couvre que 3,8 % des besoins. Pour les experts, c’est loin d’être suffisant.
Pétrole bon marché, pour combien de temps ?
Actuellement, Hugo Chavez fournit la moitié de son pétrole à Cuba, à un prix largement inférieur à celui du marché. En contrepartie, l’île caribéenne offre au Venezuela les services de ses médecins, ainsi qu’une expertise technique.
Mais les aléas de santé du dirigeant sud-américain et l’issue incertaine des prochaines élections présidentielles du Venezuela pourrait venir changer la donne et plonger le pays dans une nouvelle crise énergétique.
C’est pourquoi les Cubains placent beaucoup d’espoir dans les gisements du Golfe du Mexique, qui pourraient abriter entre 5 et 9 millions de barils. Malheureusement, les dernières prospections menées par le groupe Repsol se révèlent infructueuses, et dans le meilleur des cas, Cuba devra attendre plusieurs années avant de pouvoir exploiter son propre pétrole.
Ces faux espoirs désolent Alejandro Montesinos, de l’ONG Cubasolar:
« Dans l’imaginaire des gens, le pétrole va apparaître dans le Golfe du Mexique et les problèmes du pays seront résolus ».
Le spécialiste estime au contraire qu’il est temps de tourner la page de l’ère pétrolière et de profiter enfin du potentiel d’énergies renouvelables qu’offre Cuba, comme le font la plupart des nations caribéennes et centraméricaines.
Premiers grands projets de renouvelable
L’île compte déjà 9 000 panneaux solaires et quatre parcs éoliens, mais ces sources alternatives ne sont généralement pas connectées au réseau de distribution national et sont utilisées au niveau local.
Cependant, la situation pourrait évoluer cette année avec l'inauguration fin 2012 d’une centrale expérimentale photovoltaïque de 1 mégawatt sur l’île de la Juventud.
Au cours des derniers mois, des relevés ont également permis de déterminer les zones les plus propices à l’installation d’aérogénérateurs, et un nouveau parc éolien pourrait voir le jour en 2013 sur la côte nord de l’île.
Pour l’instant, c’est la biomasse issue des cultures de canne à sucre qui représente la principale source d’énergie renouvelable à Cuba, et ce programme devrait lui aussi être étendu.
Les experts rappellent que le renouvelable reste l’unique alternative capable d’offrir à Cuba une véritable sécurité en matière d’indépendance énergétique. Pour y parvenir, le gouvernement s’est fixé comme objectif de couvrir 16,5% des besoins grâce aux énergies propres d’ici 2020.