Interdiction totale de fumer dans les lieux publics, retrait des publicités pour le tabac, obligation de faire figurer des messages ou des photos d’avertissement sur les paquets de cigarettes : la plupart des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes …
L’Amérique Latine part en guerre contre le tabac
Interdiction totale de fumer dans les lieux publics, retrait des publicités pour le tabac, obligation de faire figurer des messages ou des photos d’avertissement sur les paquets de cigarettes : la plupart des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes se sont peu à peu conformés aux recommandations de l’OMS, même si les Etats producteurs doivent affronter les puissants lobbys de l’industrie du tabac.
Pour la première fois, la Conférence des Parties de la Convention Cadre de Lutte Anti Tabac (CCLAT) de l’OMS s’est tenue en Amérique, plus précisément à Punta del Este, en Uruguay.
Ce choix a certainement été motivé par la bonne volonté démontrée par ce pays en matière de lutte contre le tabagisme. Adoptée en 2003, la CCLAT a depuis été ratifiée par 26 pays d’Amérique latine.
Un peu partout, de nouvelles réglementations ont vu le jour. Douze pays, dont le Brésil, le Chili, le Mexique, le Panamá, le Pérou, l’Uruguay et le Venezuela, ont décidé de faire figurer des images d’avertissement montrant les risques encourus par les fumeurs sur les paquets de cigarettes. La mention Light jugée trompeuse, a également été interdite.
Parallèlement, neuf pays ont décidé de mettre en place des espaces 100% non-fumeurs afin de lutter contre le tabagisme passif, comme c’est le cas en Colombie, au Guatemala, au Honduras, au Panamá, au Paraguay, au Pérou et en Uruguay. Dans les états où la création d’une réglementation n’a pas été possible au niveau national, comme au Brésil, en Argentine, au Mexique ou au Venezuela, des restrictions locales ont été adoptées. Selon un rapport de l’association internationale Global Smokefree Partnership, rendu public lors de la réunion de Punta del Este, l’Amérique latine arrive en tête dans ce domaine.
L’étude constate également une augmentation préoccupante de la publicité pour le tabac destinée aux jeunes, notamment sous forme de SMS. Seuls deux pays, la Colombie et le Panamá, ont décidé de se conformer aux recommandations de la convention en interdisant totalement la publicité.
L’augmentation du prix de la cigarette fait également partie de l’arsenal déployé pour lutter contre le tabagisme : le Panamá a ainsi multiplié par deux le prix du paquet en seulement trois ans.
De leur côté, le Honduras et la Colombie font figure de pionniers en ayant réussi à interdire aux représentants de l’industrie du tabac de prendre part aux débats liés à la politique de lutte contre le tabagisme, mais la plupart des pays d’Amérique Latine se heurtent à de puissants intérêts financiers.
Au Guatemala, au Paraguay et en Uruguay, le secteur du tabac a intenté des actions en justice contre l’État, accusant les lois anti-tabac d’être inconstitutionnelles, tandis qu’en Argentine, la pression de l’industrie sur les législateurs des provinces productrices de tabac empêche la ratification de la convention depuis 2003.
Seuls Cuba, l’Argentine, le Salvador, Haïti, Saint-Christophe-et-Niévès et Saint-Vincent et Les Grenadines n’ont effectué aucune avancée notable depuis la signature de la convention. La République Dominicaine, quant à elle, ne l’a même pas signée.