Le béton est actuellement un des matériaux de construction le plus utilisé dans le monde : il constituerait plus de 2/3 des habitations mondiales. Il est pourtant reconnu comme étant largement énergivore et source de multiples dégradations de l'environnement. Face à l'hégémonie du béton dans la plupart des zones urbaines, une volonté de redonner de la place à la nature fait son apparition en France dans la seconde moitié du 20ème siècle. La végétalisation, c'est son nom, est aujourd'hui devenu un phénomène que les pouvoirs publics voient comme un outil de lutte contre le réchauffement climatique. Comme l'illustre la volonté de Paris de végétaliser 100 hectares de bâti d'ici 2020.
Végétaliser la capitale française...
Derrière le terme de végétalisation se cache l'action volontaire de reconquérir les terrains dénaturés par l'action humaine (ou par des catastrophes naturelles) grâce à la replantation de diverses espèces végétales. Plus récemment, l'idée a été de faire de la végétalisation un modèle d'aménagement urbain : il s'agit de recouvrir façades et toits par des espaces végétalisés. Déclinée dans le domaine de l'architecture, la végétalisation offre en effet de nombreux avantages environnementaux, économiques et sociaux.
C'est dans l'optique de verdir la capitale tricolore que la municipalité de Paris a annoncé au début du mois de janvier la signature de la charte "Objectif 100 hectares" par 33 structures partenaires. Ces partenaires publics et privés s'engagent ainsi à proposer des sites dans le cadre des deux appels à projets que lancera cette année la Mairie de Paris. Le premier vise à développer la végétalisation des toits et des murs du bâtiment parisien, alors que le second porte sur l'agriculture urbaine (sur toits, au sol ou en parking).
Il s'agira d'une "végétalisation contribuant notamment à la biodiversité parisienne et à la gestion des eaux, ainsi qu’une agriculture urbaine multifonctionnelle pleinement intégrée dans les circuits de proximité au côté des agricultures franciliennes", précise l'adjointe à la Maire de Paris en charge des espaces verts, Pénélope Komites.
Parmi les 33 signataires de la charte se trouvent Bouygues Immobilier, Eau de Paris, ERDF, GRDF, JC Decaux, Monoprix, Nexity, la RATP, ou encore la SNCF. Véritable ambassadeur de la politique d'Anne Hidalgo, ces partenaires s'engagent donc à favoriser, par leurs actions, la végétalisation de la capitale au cours des 5 prochaines années.
... pour lutter contre le réchauffement climatique
En termes de végétalisation d'espace, Paris affiche un potentiel brut de 460 hectares de toitures. Dont 80 hectares sont considérés comme présentant un fort potentiel en raison de leur superficie (plus de 200 m²) et de leur inclinaison (inférieure à 2%). Avec 13,3 hectares, le 15ème arrondissement semble être le plus riche en toiture à fort potentiel.
La végétalisation des toitures améliore le confort thermique en zone urbaine : elle permet en effet de recréer des espaces d'évapotranspiration et d'humidification de l'air là où l'urbanisation a créé des îlots de chaleur. La végétalisation contribue ainsi à réduire les dépenses énergétiques d'un bâtiment ou d'une habitation et permet ainsi de limiter les émissions de dioxyde de carbone responsable du réchauffement climatique.
C'est, en outre, pour cette raison que la végétalisation contribue au développement durable et s'inscrit logiquement dans la politique de développement de la région parisienne.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'idée d'aménager terrasses et autres murs du bâti grâce à la végétation ne date pas d'hier. Ni des quelques derniers siècles. Elle est en effet évoquée dans d'anciens textes grecs : les jardins suspendus de Babylone sont depuis longtemps reconnus comme étant une des sept merveilles du monde antique.