Du 21 au 28 août, Paris accueille la 9ème édition du Mondial de football des sans-abris. En compétition sur le Champ de Mars, 48 sélections nationales masculines, et 16 féminines, représentant un total de 53 pays des 5 continents. Faites connaissance avec divers acteurs de cette Coupe du Monde à travers les interviews retranscrites dans ce dossier.
Paris accueille les meilleurs footballeurs sans-abris du globe
Interview de Winfred Ahadzie, coach de l'équipe masculine du Ghana
A presque 23 ans, Winfred Ahadzie est certainement l’un des entraîneurs les plus jeunes de la compétition. Il ne manque pourtant pas d’expérience, ayant lui-même participé au Mondial des sans-abris de 2008 en Australie. A Paris, il va diriger une sélection de jeunes footballeurs confrontés à l’exclusion, à la drogue, et à la pauvreté, originaires de la capitale Accra et de 5 autres cités ghanéennes.
Green et Vert – Pouvez-vous nous parler de vos conditions de vie d’avant le début de cette compétition internationale ?
Winfred Ahadzie – Je faisais partie, en tant que joueur, de la délégation ghanéenne qui a participé au Mondial des sans-abris à Melbourne en 2008. J’étais le capitaine de l’équipe et j’ai été sélectionné parce qu’à l’époque, je vivais temporairement dans le logement inachevé de quelqu’un d’autre à Accra.
G&V – Comment vos joueurs ont-ils réussi à obtenir leur sélection, alors qu’ils ont bien d’autres préoccupations en tête?
W.A – Leurs plus gros problèmes sont qu’ils n’ont pas d’emploi, et que certains n’ont pas la moindre éducation. Ils doivent donc lutter tous les jours pour se procurer un repas. Même cela n’est pas assuré.
G&V – De quelle manière le Mondial des sans-abris de 2008 a t-il amélioré votre vie?
W.A – Grâce à cette expérience je suis aujourd’hui l’entraîneur de l’équipe nationale du Ghana des sans-abris! Après Melbourne, mes perspectives de vie ont changé. A cette occasion j’ai pu rencontrer des gens de différents pays, et ainsi apprendre de leurs expériences diverses. De cette façon j’ai reçu de l’inspiration positive qui m’a amené au niveau où je suis aujourd’hui.
G&V – Pensez-vous que l’un de vos joueurs puisse attirer l’œil d’un recruteur professionnel, comme ce fut le cas pour le Portugais Bebe l’an dernier, qui a signé pour Manchester United?
W.A – Non, ce n’est pas ma vision des choses. Mais si cela arrive, pas de problème. Je pense que le football est devenu un mode de vie pour moi. A tel point que je me sens triste si je manque l’entraînement, ne serait-ce qu’un jour.
G&V – La phase finale de la compétition à Paris promeut certains aspects durables et écologiques (recyclage des bouteilles en plastique, usage des transports publics, réduction des impressions papier…). Avez-vous été briefé à ce sujet ; sinon comment considérez-vous ces problématiques?
W.A – Mon équipe et moi-même croyons en un meilleur environnement. Nous sommes donc pour la promotion des opérations en faveur d’un environnement plus durable.
G&V – Quel est votre plus grand rêve?
W.A – Mon plus grand rêve était d’avoir l’opportunité de représenter un jour ma nation, quelle que soit la manière. Grâce au soutien du Mondial des sans-abris, ce rêve est devenu réalité, en tant que joueur et coach.