OVNI politique du XXe, laboratoire du XXIe siècle?

C’est l’exception géopolitique qui bouscule les règles fondamentales. Trois ans après sa terrible faillite bancaire, l’Islande semble repartie d’un bon pied …

Par GVadmin Modifié le 19 juillet 2012 à 14 h 31

Une situation économique qui se stabilise

Et puis, une petite économie dynamique attire inévitablement le développement bancaire et financier, pour le meilleur et pour le pire.

Le secteur banquier islandais a été durement frappé par la crise de 2008. ©Lydur Skulason (Flickr)

La récente crise systémique mondiale a assurément apporté le pire à l’économie islandaise, dont le système bancaire a tout simplement déclaré faillite en 2008. Du jour au lendemain, le monde entier semblait découvrir avec stupeur ce petit bout de paradis glacé fondre dans les flammes de l’enfer… et les investisseurs internationaux avec - principalement britanniques. Evidemment, un tel niveau de pertes financières ne pouvait laisser les institutions économiques indifférentes.

Le FMI s’est montré sensible aux arguments de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas et s’est fait leur écho lors du versement de la première tranche du prêt. Mais le projet de loi visant à transférer les dettes aux contribuables n’a pas laissé ces derniers indifférents: la population s’est vite mobilisée,à une échelle qui n’aurait rien à envier au mouvement «Occupy Wall Street». A la surprise générale, le président islandais a décidé de soumettre le projet de loi au peuple par référendum, lequel a tout simplement répondu «non», pas de ‘bail-out' pour les dettes bancaire.

Suite à quoi le FMI a temporairement gelé sa collaboration avec le gouvernement Islandais, avant de re-normaliser les relations. Une stratégie qui s’avère payante. A l'été 2011, le FMI déclare l’économie islandaise «en voie de désendettement rapide». Il publie même un article sur «les nouvelles issues de crise suggérées par la politique peu orthodoxe de l’Islande». Alors que l’Europe voit sa note financière dégradée, la «perspective» de l’Islande passe de «négative» à «stable» chez Standard & Poor’s.

Le seul pouvoir du président: provoquer un référendum en refusant de promulguer une loi

Ólafur Ragnar Grímsson n'a pas de grands pouvoirs, mais c'est lui qui a provoqué le référendum sur le remboursement des dettes bancaires. ©World Economic Forum / Michael Wuertenberg

Ce tour de passe-passe démocratique amène à se questionner sur la nature de l’appareil politique islandais. Nul doute qu’une telle initiative, de la part d’un président qui arrive au terme de son troisième mandat, suggère un exécutif fort, pour ne pas dire gaulliste. Là encore, la réponse de Michel Sallé surprend. Le rôle du président islandais s’approcherait plus de celui de la reine d’Angleterre que du système présidentiel monarchiste français…

Certes, il est élu au suffrage universel direct. Certes, il contrôle en partie le pouvoir législatif. Mais c’est bien d’un système parlementaire qu’il s’agit. Les 10 ministres sont individuellement et collectivement responsables devant l’«Alþing». En fait, le seul vrai pouvoir du président est de refuser de promulguer une loi et ainsi de provoquer un référendum sur cette même loi. Et c’est précisément ce que l’actuel chef d’Etat, Ólafur Ragnar Grímsson, a été le premier à faire, au sujet de la faillite bancaire.

Les élections présidentielles, bien qu’ayant peu d’effets sur la vie politique, n’en restent pas dénuées d’intérêt. L’Islande peut s’enorgueillir d’avoir été le premier pays au monde à élire une femme au poste de président… en 1980. C’est plus tard que la reine d’Angleterre dont les fonctions sont similaires, mais l'événement est historique. D’ailleurs, par les standards islandais, c’est probablement l’événement politique le plus marquant du siècle.

La politique islandaise se veut avant tout pragmatique.

L’agenda du pays est toujours négocié par les partis sous forme de «contrat de gouvernement», et si le président n’a jamais eu l’occasion d’employer son pouvoir d’arbitre, c’est qu’on ne lui en a jamais laissé l’occasion. Les députés représentent proportionnellement 6 circonscriptions, et sont issus de listes établies lors des primaires de chaque parti. Ces circonscriptions – qui se limitent à leur seule valeur électorale - restent largement indépendantes du gouvernement central.

Un redressement basé sur l'indépendance énergétique

Alors que faut-il attendre du «2012 islandais»? «Pas grand chose», anticipe M. Sallé. Même si des manœuvres pour le moins osées du président, dont la popularité était en chute libre avant les référendums, pourraient pimenter un peu le débat.

Il faut admettre qu’entre l’éruption volcanique et le séisme économique, ces dernières années n’ont pas été neutres pour l’exécutif. Le débat sur l’environnement semble d’ailleurs prendre de l’ampleur en marge de la crise économique.

En octobre 2011, le chef de l'Etat est intervenu sur le talk-show «Poptech 2011» pour insister sur le rôle crucial de l’indépendance énergétique dans le redressement économique du pays. Avec une pointe de nationalisme que les Islandais apprécient bien, il a loué la mobilisation du peuple pour sanctionner les responsables de banques (qui ont été démissionnés après la nationalisation de certaines d’entre elles). Et il prédit un bel avenir à l’Islande qui attire de nombreux investisseurs, comme la Chine.

L’avenir islandais parait bel et bien énergétique.

Michael Ravier

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