Le paysage médiatique français se dote d’un nouvel outil de mesure et d’analyse critique : l’Observatoire des médias sur l’écologie. Lancé en novembre 2024, cet organisme entend éclairer la place et le traitement des sujets écologiques dans les médias.
Observatoire des médias sur l’écologie : un nouveau baromètre se lance
Un lancement sous le signe de l’urgence climatique
Le 7 novembre 2024, l’Observatoire des médias sur l’écologie a officiellement été inauguré. Il doit améliorer la transparence et la profondeur de la couverture médiatique sur les questions environnementales. Il est représentés notamment par des figures comme Eva Morel, co-présidente de l'association QuotaClimat. Son objectif principal est de fournir des analyses sur l’espace réservé à l’écologie dans les médias audiovisuels et imprimés. « Nous avons développé cet observatoire pour constater que l’écologie occupe en moyenne 3 % de l’espace médiatique, un chiffre bien en deçà des crises géopolitiques qui dépassent souvent les 10 % », affirme Eva Morel.
Cet observatoire est né d’un consortium réunissant des acteurs comme l’Ademe et l’Arcom. Ces entités s’attachent à surveiller et critiquer la façon dont les médias abordent les enjeux environnementaux. Les chiffres de Médiamétrie révèlent, en effet, une baisse de 30 % du temps d’antenne consacré à l’écologie par rapport à 2023. Cette diminution surprend les militants écologistes. Ils affirment que les marches pour le climat réunissent toujours plus de monde. Selon eux, les citoyens sont de plus en plus soucieux des problématiques environnementales. La couverture médiatique des sujets écologiques devrait donc être plus importante.
Des partis pris affichés et des thèses débattues
L'Observatoire ne se contente pas de mesurer la fréquence de la couverture médiatique. il explore aussi la qualité des récits et les partis pris éditoriaux. L’une des missions de l’observatoire est d’identifier les biais. Ils peuvent être liés à la sémantique employée ou à l’origine des sources utilisées. Cela répond à la critique récurrente de l’angle souvent sensationnaliste adopté par les médias. Ces derniers se concentrent plus sur les conséquences dramatiques que sur les causes et les solutions. Cette méthode permet d'augmenter l'audimat, donc la notoriété et les revenus publicitaires.
Le revers de la médaille, c'est que les médias doivent maintenir les utilisateurs en haleine, donc tenir une ligne catastrophiste. Autrement, leurs programmes risquent d'être moins consultés. « Très peu de liens sont établis avec les solutions à mettre en œuvre, ce qui maintient le public dans un climat anxiogène », déplore Eva Morel. L'éco-anxiété augmente en effet de manière exponentielle, ce qui explique d'ailleurs l'augmentation des participants aux marches pour le climat.
Le climat, un sujet difficile à traiter
L'écologie est un domaine où les opinions divergent. En effet, le climat est soumis à de nombreux phénomènes complexes, comme les rayonnements solaires ou l'activité volcanique, ce qui rend son analyse difficile. On ne connaît ainsi pas avec certitude la part qu'ont les comportements anthropiques dans le réchauffement climatique. Certaines thèses écologiques demeurent donc hypothétiques et ne bénéficient pas toujours d’un consensus scientifique. Cette pluralité de points de vue justifie en partie pourquoi certains médias choisissent de traiter les sujets écologiques avec prudence ou scepticisme.
Enfin, l'écologie est un sujet vaste qui regroupe les politiques internationales, la fiscalité, la biodiversité, le logement, le transport, les qualité de l'eau et de l'air, les catastrophes naturelles, l'évolution des températures, etc. Les thèmes à disposition des médias sont donc nombreux, ce qui leur permet d'adapter leur propos à leur public. Une adaptation qui peut ne pas plaire à certains militants ou professionnels du secteur écologique, qui aimeraient parfois avoir plus de contrôle sur les discours diffusés.