EDF a dû revoir son budget prévisionnel à la hausse pour les six nouveaux réacteurs EPR français en raison de la hausse des coûts de construction et des coûts additionnels. De quoi laisser craindre un ralentissement du mix énergétique français ?
Un dépassement budgétaire de 30 % pour les EPR français
Le coût de construction des six nouveaux réacteurs EPR en France sera bien plus élevé qu'initialement prévu par le budget prévisionnel de 2021 d'EDF. Celui-ci est passé de 51,7 milliards à 67,4 milliards d'euros. Cette hausse de près de 30 % découle de plusieurs facteurs selon l'organisme étatique : les études d'ingénierie, qui se sont avérées être plus complexes que prévu, les coûts de construction, ainsi que des dépenses initialement non comptabilisées telles que la maîtrise d'ouvrage.
Comme le soulignent nos confrères des Echos, ce ne sont pas seulement les réacteurs français, mais aussi les projets EPR2 d'EDF à l'international, qui sont sujets à des dépassements budgétaires. Le projet d'EPR de Hinkley Point C au Royaume-Uni a par exemple vu sa facture grimper de plus de 10 milliards, passant ainsi à 35 milliards de livres sterling. Ces dépassements ne sont pas anodins ; ils illustrent les défis techniques et financiers auxquels EDF fait face depuis la relance de la filière nucléaire initiée en 2022 par Emmanuel Macron. Le gouvernement doit finaliser le plan de financement des nouveaux réacteurs français. Ce dernier influencera le coût final du mégawattheure des nouveaux EPR, laissant craindre une potentielle hausse des factures d'électricité pour les Français.
Vers un ralentissement du mix énergétique français ?
Le réacteur pressurisé européen (EPR) est une innovation de la technologie nucléaire de génération III qui est capable de produire environ 1.600 mégawatts, surpassant ainsi les capacités des générations précédentes. Conçu dans les années 90, l'EPR2 se veut plus sûr et plus efficace, incarnant l'avenir du nucléaire français avec un objectif clair : remplacer le parc existant par des installations plus modernes et performantes. Autrement dit, la France place le nucléaire au cœur de son mix énergétique.
Le projet pilote de la relance nucléaire française laisse néanmoins craindre des retards sur la mise en service des six EPR prévue d'ici à 2035. L'EPR de Flamanville a en effet vu son budget prévisionnel augmenter de 17 milliards, passant ainsi à plus de 20 milliards d'euros. Ces dépassements budgétaires d'EDF arrivent au pire moment. La France ayant enregistré un déficit public record en 2023 (5,5 % de son PIB contre 4,9 % initialement prévu), le gouvernement vise à réduire l'ensemble des dépenses de l'État. Il a d'ailleurs déjà annoncé une coupe budgétaire de 10 milliards d'euros sur son budget de 2024, avec l'objectif d'atteindre les 20 milliards d'euros d'économies en 2025.