Le gouvernement, en raison des dépassements budgétaires d'EDF pour la construction des six nouveaux réacteurs EPR, envisage de faire appel à l'épargne des Français, notamment celle déposée sur le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), pour financer la relance nucléaire.
Le gouvernement en quête de financement pour la relance nucléaire
Le nucléaire est incontournable dans le mix énergétique français. C'est la raison pour laquelle, et ce malgré une mise à l'arrêt pendant 5 ans, le président a fait le choix de relancer la filière en 2022 avec l'annonce de la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR d'ici à 2035. Le projet pilote de cette relance n'est autre que la petite centrale de Flamanville, qui sera raccordée au réseau national d'ici l'été 2024. Mais cette relance n'est pas sans défis, EDF, propriété de l'État, se trouve confronté à des besoins de financement colossaux.
En effet, cette dernière a annoncé un dépassement de 30 % de sa facture initiale pour la construction des nouveaux EPR, faisant ainsi passer son budget prévisionnel de 51,7 milliards à 67,4 milliards d'euros, comme le rapportent nos confrères des Echos. La facture pour l'EPR de Flamanville, quant à elle, a quadruplé sur 17 ans (13,2 milliards d'euros) et le développement du projet a accumulé plus de dix ans de retard. De ce fait, le gouvernement a annoncé qu'il songeait à utiliser l'épargne déposée sur le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire pour financer la relance du nucléaire. L'homme à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, Eric Lombard, s'est dit plutôt favorable à cette initiative. Avec un encours enregistré à 571,5 milliards d'euros fin février 2024, une partie pourrait permettre de financer « un tiers du programme nucléaire ». « Cela représentera quelques milliards d'euros par an... c'est quelque chose qui est tout à fait absorbable par l'épargne des Français », confirme-t-il.
La nécessité d'assurer un mix énergétique
Le secteur nucléaire, bien qu'indispensable dans le mix énergétique de la France, n'est pas exempt de défis. En plus de ses besoins en financement et des retards qui s'accumulent dans la construction des nouveaux EPR, l'une des préoccupations majeures qui suscite la réticence d'une partie de la classe politique et de la population réside dans la gestion des déchets radioactifs et les enjeux liés à la sûreté nucléaire. Les énergies renouvelables, en pleine expansion, s'avèrent par conséquent être une composante essentielle pour atteindre les objectifs de la transition énergétique. Le solaire, l'éolien, l'hydroélectrique et la biomasse offrent des solutions diversifiées pour produire de l'électricité sans émissions directes de CO2. À noter par ailleurs que ces technologies, en plus de réduire la dépendance aux combustibles fossiles, favorisent la création d'emplois locaux et stimulent l'innovation dans les secteurs de pointe. Malgré tout cela, leur caractère intermittent pose des défis en termes de stockage de l'énergie et de gestion du réseau.
D'ici 15 ans, les 54 réacteurs nucléaires, qui représentent à eux seuls plus de 36 % du mix énergétique de la France, seront fermés. Or, les énergies renouvelables ne sont actuellement pas en mesure d'assurer la relève seules. Il est donc plus qu'indispensable que la France se dote d'un mix énergétique qui allie nucléaire et énergies renouvelables. La mobilisation de l'épargne nationale pour financer les nouveaux EPR pourrait ainsi marquer une nouvelle étape vers une participation plus active des citoyens dans la transition et la souveraineté énergétique de la France.