Ce n’est pas l’avis des écologistes chiliens, qui manifestent leur inquiétude à l’issue de la rencontre entre le président Sebastián Piñera et son homologue français, Nicolas Sarkozy …
Nucléaire et tremblements de terre peuvent-ils faire bon ménage?
Ce n’est pas l’avis des écologistes chiliens, qui manifestent leur inquiétude à l’issue de la rencontre entre le président Sebastián Piñera et son homologue français, Nicolas Sarkozy. Les deux pays ont annoncé une alliance stratégique pour la production d’électricité d’origine nucléaire, qui permettrait au Chili de diversifier son bouquet énergétique.
La France, nation la plus nucléarisée au monde, dispose d’une large avance technologique dans ce domaine, dont Sebastián Piñera aimerait faire profiter son pays. Il estime que la décision d’implanter une centrale nucléaire sur le territoire ne dépendra pas de son gouvernement, mais désire néanmoins préparer le Chili 'au monde de l’énergie nucléaire'. Pour cela, il compte attribuer une bourse spécifique à 30 ingénieurs et solliciter l’entrée de son pays au sein de l’Agence pour l’Énergie Nucléaire (l’AEN), qui dépend de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE).
Le plus grand producteur de cuivre de la planète
Le Chili, avec plus du tiers de l’offre mondiale, est le plus grand producteur de cuivre de la planète. L’industrie minière est donc l’un des piliers de l’économie du pays, mais elle est aussi responsable de la consommation de près d’un tiers de l’énergie électrique produite. Sebastián Piñera entend soutenir la croissance de ce secteur en développant et en diversifiant la production électrique. Son ministre de l’énergie, Ricardo Raineri, s’est offert un tour d’horizon de l’énergie nucléaire en prenant part à plusieurs rencontres avec divers organismes français du secteur, notamment avec le Commissariat à l’Énergie Atomique (le CEA) et l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA).
Des coûts insensés pour anticiper les risques sismiques
Pour les écologistes locaux, l’annonce de cette coopération est tout simplement insensée, si l’on considère l’importance du risque sismique du pays. Flavia Liberona, directrice de la Fondation Terram, explique que l’implantation de centrales nucléaires au Chili n’est pas forcément irréalisable, mais qu’elle engendrerait certainement des surcoûts considérables, liés au développement de technologies garantissant la sécurité des installations face aux tremblements de terre. Elle estime également que le pays ne dispose pas de l’espace nécessaire pour la gestion des déchets nucléaires.
Intérêts économiques et commerciaux uniquement?
Juan Pablo Orrego, directeur de l’association Ecosistemas, va plus loin en affirmant que cette annonce politique de coopération scientifique est essentiellement motivée par des intérêts économiques et commerciaux. Pour lui, la France cherche à promouvoir cette technologie pour pouvoir vendre plus tard des réacteurs à un pays qui peut très bien s’en passer. Il rappelle que le Chili dispose d’un immense potentiel pour la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables et regrette que le gouvernement ne se consacre pas davantage à ces solutions alternatives, ainsi qu’à l’amélioration de l’efficacité énergétique.