Les suicides en série dans les usines du premier fabricant mondial d’électronique grand public ont agité l’opinion publique à partir de 2010. Le rythme de ces tragédies semblait avoir ralenti en 2012. Ces jours-ci, quatre tentatives de suicides à Shenzhen relancent la polémique.
Nouvelle vague de suicides chez Foxconn
Les suicides en série dans les usines du premier fabricant mondial d’électronique grand public ont agité l’opinion publique à partir de 2010. Le rythme de ces tragédies semblait avoir ralenti en 2012. Ces jours-ci, quatre tentatives de suicides à Shenzhen relancent la polémique.
Réduction de la masse salariale
La plus grande usine du groupe Foxconn, qui fabrique la plus grande partie des produits d’Apple, d’Acer, les tablettes d’Amazon, … est située dans le quartier de Longhua à Shenzhen. C’est la fameuse 'Foxconn City', où travaillent 300 à 400 000 personnes. Le mode de vie des ouvriers y est assez mystérieux : des journalistes d’investigation étrangers font régulièrement des révélations fracassantes, comme la présence de travail infantile, des horaires incroyables (70 heures par semaine,…). ‘Scoops’ souvent réfutés rapidement.
Cependant, les conditions de travail dans la Foxconn City en ce début d’année 2013 ne sont certainement pas des plus réjouissantes. La faute à la crise économique, qui voit les ventes de produits d’électronique stagner au mieux, et donc les commandes des grandes marques mondiales se réduire. Alors que Foxconn recrutait chaque année des dizaines de milliers d’employés pour compenser un turn over important et assurer la croissance de ses activités, la situation a nettement changé cette année. Foxconn doit réduire sa masse salariale. Pour le faire, tous les moyens sont bons. Selon des anciens employés fraîchement débarqués, le management offrirait une prime de 600 yuans (environ 75 euros) à ceux qui acceptent de démissionner. Une option encore plus avantageuse pour l’entreprise que d’avoir recours à des licenciements, puisque plusieurs mois de salaire doivent être réglés à un ouvrier licencié.
Des travailleurs poussés à bout
La situation économique semble malheureusement relancer la vague de suicide à Shenzhen. En deux journées quatre personnes ont tenté de se suicider. Le 28mars, une jeune employée d’un peu plus de 20 ans, s’est jetée par la fenêtre de son petit dortoir. Elle est gravement blessée mais ses jours ne sont pas en danger malgré la lenteur d’arrivée des secours dénoncée par les témoins. Le lendemain, ce sont 3 ouvriers qui ont occupé le toit d’une usine en menaçant de sauter. Ils protestaient contre les bas salaires et les pressions exercées pour pousser les travailleurs à démissionner.
Selon certaines sources, les salaires à l’embauche ne sont pas mirobolants : 1800 yuans (225 euros) auxquels sont soustraits des ‘frais d’hébergement et de cantine’ de 500 yuans (62 euros). Alors qu’auparavant les employés pouvaient gagner beaucoup plus en faisant des heures supplémentaires, le faible niveau de production rend impossible cette éventualité. Vivre avec ce salaire de base de 160 euros dans une ville de Shenzhen, où les prix se rapprochent toujours plus de ceux de la voisine Hong-Kong, semble relever de l’exploit.
Le ralentissement de l’économie rend les troubles sociaux presque inévitables. C’est ce que veut à tout prix éviter le gouvernement. L’administration fera donc tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir un niveau de croissance satisfaisant. Même si cela entraîne l’adoption de mesures protectionnistes qui risquent de ne pas améliorer la situation en Europe…