Norme Euro 7 : aurait-on pu aller plus loin dans les restrictions ?

Par paolo garoscio Publié le 10 novembre 2023 à 18 h 00
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La norme Euro 7 promet de redéfinir les normes environnementales pour les véhicules en Europe. Alors que cette réglementation vise à réduire significativement les émissions polluantes, elle se trouve tiraillée entre les exigences écologiques et les impératifs économiques de l'industrie automobile

Investir dans l'amélioration des moteurs à combustion, mauvaise idée ?

Conçue pour succéder à Euro 6, instaurée en 2010, Euro 7 se fixe pour objectif de diminuer drastiquement les émissions d’oxydes d’azote et de particules fines des véhicules. Cette initiative, bien que saluée par les groupes environnementaux, est jugée insuffisante par certains experts et militants écologiques. Ils estiment que la norme représente un compromis trop modéré face à la crise climatique actuelle. Thierry Breton, Commissaire européen, défend néanmoins cette approche sur BFMTV, la considérant comme un équilibre entre avancement écologique et viabilité économique, nécessaire pour guider l'industrie automobile vers un avenir durable.

Les constructeurs automobiles, regroupés sous l'égide de l'ACEA ((The European Automobile Manufacturers' Association), contestent vivement la mise en place d'Euro 7. Ils pensent que l'accent devrait être mis sur l'accélération de la transition vers des véhicules électriques plutôt que d'investir dans l'amélioration des moteurs à combustion. Luca de Meo, le Directeur Général de Renault, souligne l'ampleur des coûts que représenterait cette norme pour l'industrie, allant jusqu'à prédire la fermeture de plusieurs usines et une hausse considérable du prix des voitures. Cette résistance de l'industrie a conduit à des efforts souterrains pour adoucir les propositions initiales de la Commission européenne.

Une Euro 7 plus light qui a été adoptée

En septembre 2023, sous la pression de pays clés comme la France et l'Italie, une version allégée de la norme Euro 7 a été adoptée, repoussant son application de 2025 à 2030 pour les véhicules légers et 2031 pour les poids lourds. Cette version révisée, qualifiée par Marie Chéron de Transport & Environnement d'« Euro 6 déguisée », a déçu les défenseurs de l'environnement. En maintenant les limites d'émissions pour les voitures particulières et en ne les durcissant que pour les camions et les bus, cette norme semble accorder la priorité aux préoccupations économiques de l'industrie automobile au détriment des enjeux environnementaux.

L'approbation finale d'Euro 7 par le Parlement européen illustre le dilemme auquel l'Europe est confrontée : comment équilibrer les impératifs de réduction de la pollution de l'air, responsable de milliers de décès annuels, avec la nécessité de préserver une industrie automobile robuste, essentielle pour l'économie de l'UE. La décision reflète un conflit entre la santé publique et la préservation des emplois et de la compétitivité industrielle.

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