Au lendemain des révolutions du printemps arabe, des élections se profilent sur la terre des pharaons. De nouvelles valeurs dictent le changement: plus de démocratie, plus de liberté, plus de dignité.
Naissance d’idées durables en Egypte
Au lendemain des révolutions du printemps arabe, des élections se profilent sur la terre des pharaons. De nouvelles valeurs dictent le changement: plus de démocratie, plus de liberté, plus de dignité.
Un mouvement national a forcé en janvier dernier la démission du président Moubarak, alors en exercice depuis 29 ans. Dès lors la transition politique était lancée: au Conseil suprême des forces armées provisoirement au pouvoir succédera un gouvernement démocratiquement élu aux prochaines élections. Les résultats des élections législatives sont déjà connus, célébrant la victoire des islamistes. Depuis le dimanche 29 janvier, des sénatoriales ont pris la relève. A leur issue, Assemblée et Conseil Consultatif formeront une constituante de cent personnes pour rédiger une Constitution.
Une situation économique critique
Les révolutions ont ébranlé la position égyptienne. La situation économique est désormais critique, le taux de croissance pourrait chuter à 3%. Les principaux enjeux qui s’ébauchent sont la satisfaction des besoins de la population et l’emploi. Parallèlement à cela, la baisse des recettes du tourisme, la chasse à la corruption, l’afflux imprévu des ressortissants égyptiens qui ont fui la crise libyenne alimentent un climat d’incertitudes.
Les défenseurs de l’environnement n’y voient cependant pas une onzième plaie pour l’Egypte mais au contraire une opportunité. Déterminés à saisir cette dernière pour faire valoir leur propre révolution, une dizaine de membres du parti des Verts ont soumis leur candidature aux élections législatives.
Au programme «la rationalisation de la consommation de l’eau, la pollution du Nil, l’exploitation de l’énergie renouvelable notamment l’énergie solaire, la lutte contre les agressions sur les terrains agricoles, l’adoption des produits organiques, la non-prolifération des armes nucléaires et la préservation des ressources naturelles ». Hatem Abdel-Hadi, secrétaire général du parti des Verts, tire d’ailleurs des leçons des récents actes révolutionnaires et souhaite coopérer avec la jeunesse pour étendre la portée des questions environnementales sur le public.
Un pays engagé dans la réduction de son empreinte carbone
Certes ambitieux, le parti n’est toutefois pas confronté à une ardoise vierge: dès 1992 un plan d’action national pour l’environnement a été mis au point et renouvelé pour 15 ans en 2002. Et une loi pour la protection de l’environnement a été adoptée en 1994.
Depuis, la société civile, des organisations internationales comme la Banque mondiale, des États et des ONG militent en faveur de l’écologie égyptienne. Un fonds de protection de l’environnement a même été mis en place en 2000 pour aider à concrétiser les projets qui agissent en faveur de l’environnement. Signataire du protocole de Kyoto en 2005, l'Égypte a conscience des impératifs de réduction des émissions de CO2. Des émissions qui plafonnaient à 2,3 tonnes par habitant en 2007.
Des démarches environnementales en cours
Des démarches ont d’ores et déjà été amorcées dans certains domaines.
Pour ce qui est de la pollution de l’air, préoccupante en zones urbaines comme au Caire où les niveaux de fumée et de plomb dépassent souvent ceux que recommandent les directives de l'Organisation mondiale de la Santé. L'Égypte retire peu à peu du marché l'essence au plomb, promeut des véhicules équipés de gazogènes et réduit progressivement la pollution industrielle et le déversement des eaux usées dans le Nil.
La création d´un parc naturel dans la région du Sinaï est envisagée pour ce qui est de préserver l’écosystème.
Le recyclage est lui aussi en vogue puisque plusieurs usines ont vu le jour à cet effet. Et grâce à l’aide du gouvernement finlandais, un premier site d’enfouissement des déchets industriels est né en 2005.
Si le nucléaire se dessine être une alternative aux préoccupations énergétiques du pays avec la construction à venir d’une centrale à Al-Dabaa sur la côte méditerranéenne, les énergies renouvelables le sont également. L’hydroélectricité est depuis longtemps exploitée sous l’emblème du barrage d’Assouan. Et le Gouverneur de la Nouvelle Vallée, le général Tarek Al Mahdi, a révélé la signature d’un accord avec une firme italienne pour la mise en place d’une centrale solaire dans le gouvernorat.
Un rôle crucial dans l'avenir de la région
Un souffle nouveau a entamé le changement en Égypte et la voix est désormais donnée au peuple. De fait, les élections législatives, sénatoriales puis présidentielle seront cruciales et poseront les pierres des pyramides de demain.
Les questions environnementales sont posées depuis longtemps en Égypte: les eaux du Nil, la désertification posent quotidiennement problème. Toutefois l’importance des changements politiques et économiques à venir ne relèguera-t-elle pas momentanément dans l’ombre ces préoccupations?
Pôle de stabilité à proximité de plusieurs foyers de tension, jouant un rôle clef dans son environnement régional, arabe, africain et méditerranéen, l'Égypte pourrait servir de modèle si une démarche environnementale venait à aboutir.