Jusqu’à 600 microplastiques par gramme de chewing-gum mâché

Une étude scientifique présentée le 25 mars lors du congrès de l’American Chemical Society à San Diego a révélé que le chewing-gum, consommé par des millions de personnes dans le monde, constitue une source insoupçonnée de microplastiques. Oui, ce geste quotidien, mastication mécanique anodine, libérerait des particules invisibles à l’œil nu mais omniprésentes dans notre environnement et désormais… dans notre salive.

Par Stéphanie Haerts Publié le 27 mars 2025 à 11 h 40
Jusqu’à 600 microplastiques par gramme de chewing-gum mâché

Microplastiques dans le chewing-gum : une contamination directe et immédiate

On savait déjà les microplastiques envahissants : des océans aux montagnes, en passant par notre sang et notre cerveau. Ce qu’on ignorait, c’est qu’ils se nichent aussi dans un produit aussi ordinaire que le chewing-gum. Selon l’étude menée par l’équipe de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), chaque gramme de gomme à mâcher libère en moyenne 100 particules de microplastiques, avec des pics allant jusqu’à 637 particules selon les marques. Le plus troublant ?

94 % de ces particules sont relâchées dans les huit premières minutes de mastication. « Nous ne cherchons pas à créer la panique », relativise le chercheur Sanjay Mohanty, co-auteur de l’étude, cité dans Presse-Citron. Le constat est pourtant sans appel : mâcher revient à ingérer directement du plastique.

Naturel ou synthétique : même combat, même pollution

L’espoir de s’en sortir avec des gommes naturelles, réputées plus vertueuses, vole en éclats. Contrairement à ce que laisse supposer leur marketing, elles libèrent autant de microplastiques que leurs homologues synthétiques. « Notre hypothèse de départ était que les gommes synthétiques contiendraient beaucoup plus de microplastiques », explique Lisa Lowe, étudiante diplômée à UCLA et co-autrice de l’étude, dans Presse-Citron.

Cette équivalence de contamination s’explique par les polymères communs retrouvés dans toutes les marques testées, qu’elles soient à base de chicle naturel ou de dérivés pétrochimiques. L’étude mentionne la présence massive de polyoléfines — des plastiques utilisés aussi dans les emballages alimentaires. Selon Lisa Lowe, interrogée par Sciences et Avenir, « les microplastiques ne proviennent pas de l’arbre lui-même [...] mais peuvent être introduits lors de la fabrication ou du conditionnement des chewing-gums ».

La mastication comme déclencheur de pollution orale

Inutile d’incriminer les enzymes salivaires : c’est bien la simple action mécanique de mâcher qui fragmente la gomme en particules plastiques. Le geste, en apparence bénin, devient un vecteur direct de pollution corporelle. D’après les scientifiques, un consommateur moyen mâche entre 160 et 300 chewing-gums par an, ce qui représente une ingestion potentielle de 30 000 microplastiques par an, une estimation conservatrice, les instruments ne détectant pas les particules inférieures à 20 micromètres.

Ce détail technique n’est pas anodin. Comme le rappelle Lisa Lowe dans Sciences et Avenir : « Cette étude a pu passer à côté des microplastiques de 10 micromètres et moins. La méthode utilisée est limitée dans la détection des particules ». Autrement dit : ce que l’on ne voit pas... est probablement encore pire.

Une pollution prolongée même après consommation

Le chewing-gum mâché ne cesse pas d’être polluant une fois recraché. Bien au contraire. Le plastique libéré dans la salive ne représente qu’un fragment du plastique total contenu dans le produit. Une fois jeté dans la rue — pratique répandue malgré son interdiction —, le chewing-gum devient un vecteur secondaire de microplastiques, contaminant sols, eaux et animaux urbains. « Ils pourraient accidentellement être ingérés par des oiseaux ou être nocifs pour l’environnement », alerte le professeur Sanjay Mohanty dans Sciences et Avenir.

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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