Voté de justesse par le parlement, le projet de loi devra maintenant être approuvé par le Sénat. Le président José Mujica compte sur cette mesure pour enrayer la mortalité maternelle due aux IVG clandestines et estime même qu’elle pourrait faire baisser le nombre d’avortements.
L’Uruguay, premier pays d’Amérique du Sud à dépénaliser l’avortement ?
Voté de justesse par le parlement, le projet de loi devra maintenant être approuvé par le Sénat. Le président José Mujica compte sur cette mesure pour enrayer la mortalité maternelle due aux IVG clandestines et estime même qu’elle pourrait faire baisser le nombre d’avortements.
Pas de veto présidentiel
Après avoir proposé de légaliser le cannabis, le gouvernement de « Pepe » Mujica s’attaque à un sujet particulièrement sensible en Amérique latine : l’avortement. Que ce soit à la radio, dans les journaux ou à la télévision, il est devenu impossible d’échapper à ce débat qui divise profondément la société uruguayenne.
Approuvé à une très courte majorité (à une voix près) par les députés, l'actuel projet de dépénalisation devra encore être soumis aux sénateurs avant d’entrer en vigueur. Il prévoit d’autoriser les femmes à interrompre leur grossesse jusqu’à la douzième semaine.
Lors de la présidence de Tabaré Vásquez, le prédécesseur de José Mujica, les députés avaient déjà approuvé un texte similaire, mais celui-ci s’était ensuite heurté au véto de l’ancien dirigeant uruguayen.
José Mujica exclut pour sa part le recours au veto présidentiel et espère que cette nouvelle loi permettra enfin d’éviter les décès provoqués par les avortements clandestins. Selon lui, la dépénalisation pourrait même faire diminuer le nombre d’IVG :
Tout le monde est contre l’avortement. Mais si les femmes qui prennent cette décision bénéficiaient d’un réel soutien, nous pensons que beaucoup d’entre elles changeraient d’avis.
Proposer des alternatives
Les femmes désirant recourir à l’IVG devront en effet commencer par consulter leur médecin, avant d’être envoyées vers un comité formé de gynécologues, de psychologues et de travailleurs sociaux. Toutes les solutions qui s’offrent à elles leur seront présentées, et elles bénéficieront ensuite d’un délai de cinq jours avant de prendre leur décision finale.
Le parti du président uruguayen dispose de la majorité au Sénat, et tout porte à croire que la dépénalisation de l’avortement sera entérinée sous peu.
L’Uruguay deviendra ainsi le premier pays sud-américain à franchir le pas, et le second au niveau de l’Amérique latine, où Cuba est pour l’instant l’unique nation autorisant l’IVG.
Selon les ONG, environ 30 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année en Uruguay.