Malgré les connaissances actuelles en matière d’écologie et l’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans la gestion urbaine, des villes très riches telles que Los Angeles restent extrêmement vulnérables aux catastrophes naturelles comme nous avons pu le constater en ce mois de janvier 2025. Le réchauffement climatique, en particulier, modifie radicalement le cycle des saisons d’incendies, exposant la métropole à des risques importants. Une étude récente souligne ce phénomène alarmant, révélant que les probabilités d’incendies durant l’hiver à Los Angeles ont augmenté de 35 %.
Los Angeles : le réchauffement climatique accroît de 35% le risque d’incendies
Le changement des saisons de feu
Historiquement, les incendies de forêt en Californie du Sud étaient un phénomène estival ou automnal. Cependant, les récents feux de janvier ont montré un décalage alarmant. Les vents de Santa Ana, chauds et secs, typiques de l’hiver, exacerbent désormais les incendies en raison d'un automne anormalement sec. Selon World Weather Attribution, ce nouveau modèle climatique rend les grands brasiers hivernaux plus probables. « À partir du 7 janvier 2025, deux grands incendies (les incendies de Palisades et Eaton) ont éclaté à Los Angeles, en Californie. Les feux se sont propagés extrêmement rapidement au cours de la semaine suivante et comptent parmi les plus destructeurs de biens humains dans l'histoire du sud de la Californie », détaille le rapport.
Entre octobre et décembre, période où les précipitations devraient être abondantes, leur faiblesse rend les conditions sèches prolongées et favorise les incendies. Ces conditions ont évolué pour s’étendre désormais sur vingt-trois jours supplémentaires par rapport à l'ère préindustrielle, augmentant le risque durant les puissants vents de Santa Ana. Le climatologue français Robert Vautard, coauteur de l’étude et coprésident du groupe 1 du Giec, a déclaré dans des propos recueillis par Libération : « J’ai été soufflé par l’ampleur de cet événement. » Selon lui, « le changement climatique ne touche pas que les pays très vulnérables, les pays développés sont également impactés de plein fouet.»
La vulnérabilité de Los Angeles
Les trois feux de début janvier ont non seulement parcouru près de 20 000 hectares, mais aussi causé la mort de 28 personnes et la destruction de 16 250 structures. La sévérité de ces incendies est un témoignage frappant de l'impact direct du réchauffement climatique sur la fréquence et l'intensité des désastres naturels. Lors d'une conférence de presse, John Abatzoglou, climatologue à l'Université de Californie et coauteur de l'étude, a décrit la situation comme un « cocktail particulièrement explosif ». Les simulations informatiques ont permis de comparer les conditions météorologiques actuelles avec un scénario où la température serait inférieure de 1,3 °C. Les résultats indiquent une augmentation de 35 % de la probabilité de ces conditions climatiques, avec une intensité accrue de 6 %.
De plus, la fréquence des périodes de sécheresse avant les incendies a été multipliée par 2,4. Les projections futures ne sont guère plus rassurantes : un réchauffement de 2,6 °C pourrait accroître encore de 35% la probabilité de tels événements et intensifier les incendies de 3%. Clair Barnes de l'Imperial College London, met en garde, sans une réduction plus rapide de l'utilisation des combustibles fossiles, la Californie s'oriente vers un climat encore plus chaud, sec et inflammable. Selon les chercheurs, la saison des pluies retardée et les conditions climatiques plus chaudes et sèches nécessitent une adaptation rapide des stratégies de gestion des incendies, incluant de meilleures coordinations d’évacuation et la création de zones tampons pour protéger les communautés.
Modifier les infrastructures
Pour diminuer les risques futurs, il est capital d'améliorer la coordination des évacuations et de renforcer les infrastructures pour résister aux feux. Les experts insistent sur la nécessité de ne pas reconstruire à l'identique dans les zones brûlées, préconisant des paysages moins susceptibles de propager rapidement le feu. Reconstruire Los Angeles après les feux dévastateurs de 2025 offre une opportunité unique de repenser l'urbanisme et la construction pour rendre la ville plus résistante aux catastrophes naturelles.
Pour cela, il faut absolument prioriser l'utilisation de matériaux ignifuges dans toutes les nouvelles constructions. Cela inclut des murs en fibre de ciment, des toits végétalisés ou en matériaux réfléchissants pour diminuer la chaleur, ainsi que des vitres résistantes à la chaleur. Le design doit également minimiser les points d'entrée pour les braises volantes. Il est également essentiel de créer des zones de défense autour des zones résidentielles, comme des ceintures vertes composées de plantes peu inflammables et de sentiers dégagés qui agissent comme des coupe-feu. Ces zones peuvent aussi servir d'espaces récréatifs pour la communauté.
Une maison anti-flammes résiste aux incendies à Los Angeles
Au cœur de Los Angeles, une maison se distingue par sa résilience exceptionnelle face aux ravages des flammes. Conçue par l'architecte Michael Kovac, cette demeure a survécu sans une égratignure alors que les propriétés voisines n'ont pas eu cette chance. La clé de sa survie réside dans une série d'innovations architecturales pensées pour résister aux conditions extrêmes. Les murs, revêtus de fibre de ciment, et les vitres thermorésistantes garantissent une barrière efficace contre la chaleur intense des incendies.
Le toit de la maison n'est pas en reste avec sa couverture végétalisée conçue pour offrir une isolation thermique et un ralentissement des flammes. Autour de la maison, le jardin a été transformé en une zone de sécurité, équipée de roches volcaniques et de végétation résistante au feu comme les agaves et les oliviers nains. Ce paysage, loin d'être seulement esthétique, forme un véritable bouclier contre les incendies, complété par un système d'arrosage automatique capable de disperser un retardant de flammes en cas de nécessité.