Début 2012, les émissions de CO2 de l’aviation civile vont être incluses dans le système communautaire européen d’échange de quotas d’émission (SCEQE). La Chine s’y oppose et intente un procès à l’Union Européenne.
L’opposition à l’inclusion de l’aviation dans le SCEQE s’intensifie
Début 2012, les émissions de CO2 de l’aviation civile vont être incluses dans le système communautaire européen d’échange de quotas d’émission (SCEQE). La Chine qui a tour à tour menacé de ne plus acheter d’Airbus, de réduire ses vols vers l’Europe et de punir les entreprises européennes sur le marché chinois, accentue la pression en intentant un procès à l’Union Européenne.
L’association du transport aérien chinois a le soutien des plus grandes compagnies dans ce procès déposé devant la justice allemande. Air China, China Southern et China Eastern se joindront en effet à l’association présidée par Chai Haibo pour contester la validité de ce système qui va exiger des compagnies aériennes qu’elles achètent des "droits à polluer". Une mesure qui alarme les Chinois.
Dès 2012, les compagnies qui dépassent les limites d’émissions fixées par l’UE devront s’acquitter d’une somme qui va peser sur leurs comptes. Selon Chai Haibo, les 33 compagnies aériennes chinoises sont toutes concernées et devraient payer 3,4 milliards d’euros en 2012. Une somme qui augmentera chaque année puisque les quotas fixés par Bruxelles seront progressivement réduits.
Menaces à tout-va
Selon les calculs des compagnies aériennes chinoises, si le coût supplémentaire engendré était totalement passé au consommateur, il entraînerait une augmentation de 200 à 300 yuans [de 23 à 35 euros] sur un aller simple typique de Pékin vers l’Europe. Soit presque 10% d’augmentation. Monsieur Chai prévient :
Beaucoup de touristes chinois vont se tourner vers d’autres destinations comme l’Asie, l’Océanie ou l’Amérique. Les vols vers l’Europe seront réduits.
En plus de ces menaces à peine voilées, la Chine met tout son poids dans la balance pour échapper à ces nouvelles taxes. Pékin avait menacé, au moment du salon du Bourget, de ne plus acheter d’avions Airbus. D’ailleurs, une commande dévoilée par la presse d’A380 par Hong Kong Airlines n’avait finalement pas été annoncée, alors que tout le monde l’attendait. La même compagnie avait par contre signé pour des Boeing 747-800, le concurrent direct du produit vedette d’Airbus.
D’autre part, outre le procès de contestation de la légalité de l’inclusion des compagnies étrangères dans le système, la Chine promet aussi des mesures de rétorsion. Les entreprises européennes ayant des affaires en Chine seront visées, notamment celles qui travaillent dans l’aéronautique. Une mauvaise nouvelle pour un bon nombre de petites sociétés qui ont investi avec de grandes ambitions ce gigantesque marché.
Danse à trois
Pour l’instant, la Commission européenne ne fléchit pas. Le commissaire à l’environnement Janez Potočnik répète que l’inclusion de l’industrie aérienne dans le SCEQUE a été décidée il y a longtemps et a déjà force de loi. Les mois qui viennent diront si, dans cette période de crise économique, la volonté de diminuer les émissions de la part des instances européennes passe avant les relations commerciales avec les deux premières puissances mondiales.
Rappelons effectivement que les États-Unis sont aussi opposés à la mesure : la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis a adopté le 24 octobre 2011 un projet de loi interdisant aux compagnies aériennes du pays de participer au SCEQE… Une situation bien compliquée qui va faire couler de l’encre…